Le corps enseignant vieillit, et ce phénomène accentué par la réforme des retraites de 2023 s’annonce comme un enjeu majeur pour l’éducation nationale. La mise en garde vient de la Cour des comptes, qui s’est penchée, dans une publication du 26 novembre, sur le sujet de « l’allongement de la vie professionnelle des agents dans [la] fonction publique d’Etat ». Parmi les « zones de tension et de fragilité » que les magistrats ont identifiées : les cadres supérieurs, les agents administratifs de catégorie A et B, et les enseignants.

La pyramide des âges dans le plus gros corps de la fonction publique est déjà « particulièrement vieillissante » et les projections laissent à voir une dégradation sur au moins les deux prochaines décennies, au point que l’institution de la rue Cambon qualifie la situation de l’éducation nationale « d’inquiétante ».

D’un côté, le bas de pyramide s’est atrophié du fait de la forte contraction des recrutements dans les années 2000-2010. A l’autre extrémité, la part des enseignants plus âgés ne cesse d’augmenter sous l’effet des réformes des retraites qui ont affecté les enseignants de manière « plus marquée » que d’autres catégories de la fonction publique d’Etat. En cause : l’allongement, depuis 1980, de la durée d’études requise pour exercer le métier (cinq ans après le bac), qui repousse l’âge d’entrée dans la profession et donc l’âge de la retraite à taux plein – au moins 66 ans, désormais, avec 43 ans de cotisations requis. Dans le même temps, l’accès aux dispositifs de départ anticipé a été fortement réduit.

Alors que 6 % des enseignants auront plus de 60 ans en 2025, ils seront 16 % en 2035, calcule ainsi la Cour des comptes. Plusieurs problèmes vont ainsi se poser au premier employeur de l’Etat. Un défi de recrutement, d’abord, pour remplacer les futurs retraités dans un moment de crise d’attractivité du métier dont les effets pourraient ainsi s’aggraver. Des enjeux d’accompagnement, ensuite, alors qu’« il est très difficile d’aménager [les] fin[s] de carrière [des enseignants] comme leur reconversion », remarquent les magistrats. Le rapport note que « le degré de préparation pour faire face à cette tendance irrépressible au moins dans la décennie future paraît très insuffisant ».

« Je finis les semaines exténuée »

Le sévère constat de la Cour des comptes fait écho aux alertes qu’avaient unanimement émises les organisations syndicales au moment de la réforme des retraites, en 2023. L’enjeu des fins de carrière a pris en importance pour des agents qui ont vu leurs conditions de départ à la retraite changer considérablement en vingt ans. Jusqu’au début des années 2000, les enseignants pouvaient partir à 60 ans, et même à 57 ans pour les anciens instituteurs, et avaient droit à une pension à taux plein au bout de 37,5 années de cotisation.

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