Le suicide d’un conducteur de TGV, qui a sauté de son train en marche le soir du réveillon de Noël, est « avant tout un drame humain », a assuré jeudi 26 décembre le nouveau ministre des transports, Philippe Tabarot. Le ministre a aussi déclaré sur l’antenne de RTL que « l’Etat et la SNCF seront aux côtés de la famille » du défunt.
Vers 20 heures, le 24 décembre, le conducteur d’un TGV qui effectuait un trajet entre Paris et Saint-Etienne s’est donné la mort en sautant du train au niveau de la commune de Crisenoy, en Seine-et-Marne. M. Tabarot a essuyé des reproches sur sa communication après avoir déclaré, mercredi sur CNews, que l’incident « aurait pu être plus grave » si le conducteur « avait souhaité faire dérailler son train ». Le geste de ce conducteur serait « plutôt lié à des problèmes personnels et familiaux très importants qu’à des problèmes professionnels » avait-il ajouté, soulignant la difficulté « d’affirmer des choses sans le recul nécessaire ».
« Il n’y a eu aucune once d’humanité » dans ces propos, a dénoncé le député de l’Essonne (La France insoumise) Bérenger Cernon, ancien cheminot. « Cela a été vécu comme du cynisme et de l’indécence », a-t-il ajouté au micro de RTL. De son côté, la CGT-Cheminots a déploré dans un communiqué des dires « non fondés et honteux du ministre (…) avant la tenue et les conclusions des enquêtes en cours ». « Certains de mes propos ont été mal interprétés », a assuré le ministre jeudi.
Un « terrible drame », selon la SNCF
Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer les causes du suicide ce conducteur TGV de 52 ans, qui travaillait très régulièrement sur le réseau des trains express régionaux. Une cellule psychologique a été mise en place. Le conducteur était « particulièrement apprécié de tous ses collègues dans la région de Saint-Etienne », a commenté M. Tabarot.
Mercredi, la SNCF a évoqué un « terrible drame » qui plonge dans le « deuil » toute la famille cheminote. Selon une porte-parole, c’est, « de mémoire », la première fois qu’un conducteur de train se donne ainsi la mort. La CGT-Cheminots s’est dite « en deuil » et a déploré des attaques « scandaleuses » contre la corporation, alors que des personnes ont évoqué une mise en danger des passagers.
Un total de 10 000 usagers ont été affectés mardi en raison de perturbations sur la ligne à grande vitesse Sud-Est, mais la SNCF a assuré que les systèmes de sécurité ont parfaitement fonctionné et aucun passager n’a été mis en danger. La compagnie ferroviaire a expliqué que le dispositif de sécurité appelé « veille automatique avec contrôle du maintien d’appui » (VACMA) « permet de confirmer la présence active du conducteur en permanence » dans la cabine de conduite du train.
Le conducteur doit ainsi « alternativement appuyer puis relâcher soit une pédale avec le pied soit un contacteur avec la main », précise la SNCF. « S’il ne relâche pas la pression toutes les trente secondes ou s’il ne réappuie pas sur le mécanisme au bout de cinq secondes, une alarme très bruyante se déclenche dans la cabine de conduite pour le faire réagir. Il a trois secondes pour le faire. » « S’il ne le fait pas, les moteurs du train coupent automatiquement leur effort de traction et le dispositif automatique de freinage d’urgence se déclenche en même temps », a précisé la compagnie.