La neurotechnologie pour réparer le corps avance à grands pas. Des chercheurs, qui appartiennent tous au Cortical Bionics Research Group, aux Etats-Unis, ont réussi à faire ressentir à deux personnes tétraplégiques portant un implant cérébral des sensations tactiles subtiles leur permettant de soulever, tenir et manipuler un objet. Ces actions ont été réalisées à l’aide d’un bras bionique contrôlé par les signaux cérébraux émis par les personnes implantées (Science du 16 janvier).

Jusqu’à présent, ces membres bioniques pouvaient redonner une certaine fonctionnalité. Mais, sans le sens du toucher, diriger subtilement une action était difficile, explique Giacomo Valle, auteur principal de l’étude et professeur adjoint à l’université technologique Chalmers, en Suède. Ces chercheurs ont utilisé un maillage de capteurs couvrant la prothèse « pour saisir les caractéristiques du toucher complexe en trois dimensions, [qu’ils sont] désormais en mesure de coder [à l’aide d’un algorithme] et de transmettre à l’utilisateur, précise-t-il. Dans le cerveau, les implants utilisés pour la stimulation ont été adaptés afin d’élargir le répertoire des sensations ».

Cette expérience en laboratoire, qui permet à une personne tétraplégique de ressentir et d’agir, s’appuie sur des décennies de recherche dans le domaine du contrôle moteur et de la somato-sensation – la capacité du corps à ressentir la douleur, la pression, la température… « Les recherches fondamentales du professeur Sliman Bensmaia sur les primates non humains sont à la base des résultats obtenus aujourd’hui », explique Giacomo Valle. « Une autre source d’inspiration a été les travaux sur les prothèses visuelles corticales [pour redonner une vision utile aux personnes devenues aveugles, par l’introduction d’informations visuelles au niveau du cortex visuel]. Tant dans la vision que dans le toucher, les informations sur le mouvement et les formes sont extraites de modèles d’activation à travers une surface sensorielle bidimensionnelle (la rétine pour la vision, la peau pour le toucher). Ce processus a largement été étudié dans les deux domaines », raconte M. Valle.

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