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Cernées par les trajectoires des émissions de CO2, certaines personnes ont déjà éprouvé un « Oh shit ! moment ». Cette expression, conceptualisée par le philosophe australien Clive Hamilton, décrit de façon assez abrupte l’instant où tout apparaît inutile et dérisoire face à un réchauffement climatique inéluctable. Une sorte de cristallisation de l’effroi. La lecture d’une étude publiée dans la revue Science le 22 août ne va pas soigner les angoisses des plus désespérés.

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Des scientifiques de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique ont puisé dans les données de l’Organisation de coopération et de développement économiques pour analyser les effets de 1 500 politiques climatiques mises en place dans 41 pays entre 1998 et 2022. Grâce à une machine d’intelligence artificielle, ils ont estimé leurs conséquences sur la baisse des émissions de CO2.

Le résultat est affligeant. Dans le détail, ils ont identifié seulement 63 mesures efficaces qui ont entraîné des baisses d’émissions d’au moins 4,5 % à 13 % dans différents secteurs. La plupart des améliorations se produisent dans le bâtiment (24 cas), suivi par les transports (19 cas), l’industrie (16 cas) et l’électricité (10 cas).

Contrainte et incitation

Soixante-trois sur 1 500 ? « Oh, shit… », serait-on tenté de répondre. Et pourtant, au milieu des graphiques très sombres, ce travail recèle des clés pour améliorer les politiques publiques. 70 % des mesures utiles l’ont été lorsqu’elles étaient combinées à une ou plusieurs autres initiatives. En 2013, en Chine, la mise en place d’un système d’échange de droits d’émission dans l’industrie n’a eu que peu d’effets. Mais en 2016, les émissions ont franchement baissé quand ce système a été couplé à un renforcement des mécanismes de financement des investissements liés à l’efficacité énergétique puis à une baisse des subventions des combustibles fossiles.

Au Royaume-Uni, l’inflexion des émissions dans le secteur électrique en 2015 et 2016 a été provoquée par l’introduction, à la mi-2013, d’un prix plancher du carbone, qui imposait un prix minimum aux producteurs d’électricité britanniques. Cette mesure a renforcé le système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne.

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« Pour les transports, 94 % des réductions importantes de dégagement de CO2 sont associées à un mix de politiques », écrivent les auteurs en citant une exception à cette règle : la tarification seule est efficace dans les secteurs dominés par des entreprises qui font des grands profits, comme certaines industries ou les grands producteurs d’énergie. En revanche, ils ont noté « le plus grand potentiel de complémentarité entre les instruments de politique pour le secteur du bâtiment et celui des transports, qui comprennent tous deux une part importante de consommateurs privés soumis à des facteurs comportementaux documentés ».

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