
La légende raconte que François Mitterrand (1916-1996), président de la République en exercice, avait l’habitude, au mois de juillet, d’échapper à la vigilance de ses gardes du corps pour débarquer, sans crier gare, au Festival d’Avignon, où le directeur, averti d’un coup de téléphone, lui réservait une place discrète dans les salles obscures.
Le spectateur clandestin d’autrefois est aujourd’hui l’un des héros du Festival « off ». Il fait son entrée à pas de loup sur les scènes de deux théâtres. Il s’immisce à la Scala Provence, où Alice Faure dirige Samuel Churin et Céline Roux dans une adaptation des Lettres à Anne (magnifique et impressionnant recueil des courriers de Mitterrand, publié chez Gallimard par Anne Pingeot vingt ans après la mort de son compagnon). Il se glisse aussi au Train bleu, où Léo Cohen-Paperman, son coauteur Emilien Diard-Detœuf et trois comédiens revisitent avec impertinence et lucidité les années fastes, puis crépusculaires qui ont suivi le 10 mai 1981.
Deux faces d’un même homme surgissent. L’une intime et privée, l’autre publique et populaire, les deux formant l’envers et l’endroit d’un Mitterrand qui a l’étoffe d’un personnage de théâtre. Sa personnalité, sa vie, ses secrets, ses manœuvres, ses stratégies, son ambition : qu’on l’aborde de l’intérieur ou qu’on le contemple de l’extérieur, il a toute sa place sur les scènes.
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