Un certain capitalisme est mort, vive le capitalisme « trumpiste » ! Le libre-échange pur et dur recule, mais le mercantilisme mêlant marchandage, guerre des droits de douane et menace militaire progresse. Les monopoles prospèrent, les mers se ferment et les poussées impériales se multiplient. Le président américain en est-il responsable ? Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche consacre en tout cas la renaissance de la forme originelle du capitalisme, analysée par l’historien et économiste Arnaud Orain dans Le monde confisqué (Flammarion, 368 pages, 23,90 euros).

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Dominant aux XVIe-XVIIIe siècles puis entre 1880 et 1945, il est réapparu il y a une quinzaine d’années. Le (néo)libéralisme postulait que l’abondance de biens et la concurrence assureraient paix et bien-être au plus grand nombre ; ce capitalisme illibéral s’accommodant si bien de régimes autoritaires part du faux principe qu’il n’y aura pas assez de ressources pour tout le monde et que dans cette économie de la rareté, une lutte à mort est nécessaire pour les accaparer.

Celui qui s’est autoproclamé « tariff man » [tariff signifie droit de douane] tient sa promesse de campagne : il a décrété, samedi 1er février, de lourds droits de douanes sur les importations de Chine (10 %), du Canada et du Mexique (25 %), qui sonne comme une déclaration de guerre. La paix est certes gage de prospérité, mais elle est d’abord destinée à son pays (« America first ») dans un jeu économique gagnant-perdant pour les autres. Non sans visées impériales, assénées dans son discours d’investiture : « Les Etats-Unis vont de nouveau se penser comme une nation (…) qui accroît notre richesse, étend notre territoire. »

« Nous sommes le prédateur dominant »

Son appétit pour le Groenland, riche en hydrocarbures et en minerais, en est une autre preuve. Il n’a pas d’autre raison qu’une course effrénée à la richesse, sa sécurité face à la Russie et la Chine pouvant être assurée par une présence accrue de l’OTAN – et donc des Etats-Unis. Un élu républicain du Tennessee, Andy Ogles, a trouvé des mots dignes des colonisateurs des siècles passés pour le justifier : « Nous sommes le prédateur dominant. » Idem pour le golfe du Mexique, qu’il veut dénommer « golfe d’Amérique ». Ou le canal de Panama rétrocédé par Washington en 1999, un isthme « vital » qui serait « sous le contrôle » de Pékin.

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