Lancé dans dix pays d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie, le baromètre international de Cegos, publié jeudi 12 juin et intitulé Primo-manageurs : comprendre et accompagner une population-clé pour la performance et la transformation des organisations, porte un double regard sur le sujet. Pour cette étude, l’organisme de formation a sondé 4 271 salariés accédant pour la première fois à des responsabilités managériales et 441 directeurs ou responsables des ressources humaines (RH/formation).
Les résultats révèlent notamment que les directions qui proposent à leurs collaborateurs de devenir manageur se voient souvent opposer des refus, et en France plus qu’ailleurs. Dans l’Hexagone, 56 % des responsables RH sondés estiment que les collaborateurs identifiés ne souhaitent pas accéder à un poste managérial, contre 36 % pour les RH de l’ensemble des pays interrogés. Les Britanniques et les Américains qualifient ce phénomène de refus de conscious unbossing.
Reste à savoir pourquoi ce refus est plus prononcé en France qu’ailleurs. Cela tient-il à l’image peu valorisante du manageur de premier niveau ? Tant dans les sketchs et séries que sur les réseaux sociaux, on se gausse volontiers des « petits chefs », dont beaucoup se trouvent pris entre le marteau de la direction et l’enclume de la base.
Les spécificités du management à la française y sont aussi pour quelque chose, estime Laurence Ballereaud, directrice de projets chez Cegos : « Nos pratiques apparaissent plus verticales et hiérarchiques que chez nos voisins européens, selon une récente étude de l’IGAS [inspection générale des affaires sociales]. On peut émettre l’hypothèse que ce chiffre de 56 % n’est pas un rejet de la fonction managériale en tant que telle, mais plutôt une critique du modèle actuel de nos organisations. » D’où la nécessité pour les employeurs d’évoluer plus vite vers un modèle horizontal et participatif, qui donnerait envie de postuler à ces fonctions.
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