Lorsque Donald Trump cite comme modèle la politique de l’ancien président américain William McKinley (1843-1901), qu’il surnomme le « king of tariffs » pour avoir imposé des droits de douane de 50 %, il oublie que l’économie mondiale s’est depuis complètement transformée. Les échanges commerciaux pèsent pour 25 % du PIB mondial, et non plus pour 10 % comme à la fin du XIXe siècle. Les chaînes d’approvisionnement parcourent la planète entière et ne font plus seulement le tour de la Rust Belt (la « ceinture de la rouille », dans le nord-est des Etats-Unis), comme il y a un siècle.

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Le protectionnisme tarifaire voulu par Donald Trump est donc un choc sans précédent dont on mesure mal les conséquences. Et ce, d’autant plus que les droits de douane réciproques envisagés par le président américain mettent fin à un système bâti à la fin de la seconde guerre mondiale sur le principe de non-discrimination, où tous les pays sont traités à égalité en matière de droits de douane pour justement éviter les tensions géopolitiques.

A quoi va ressembler le paysage du commerce mondial de demain ? Mario Draghi, l’ancien patron de la Banque centrale européenne, voit deux dangers. « L’augmentation des droits de douane américains sur les produits chinois va réorienter la surcapacité chinoise vers l’Europe, frappant davantage encore nos entreprises, a mis en garde l’ancien banquier central devant le Parlement européen, le 18 février. Les grandes entreprises de l’Union sont d’ailleurs bien plus préoccupées par cet effet que par la perte d’accès au marché américain. »

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Les exportations de la Chine augmentent à un rythme trois fois plus élevé que le commerce mondial et propulsent son excédent commercial à des sommets – il a dépassé le seuil des 10 % de son PIB en 2024 et s’approche du chiffre record de 12 % atteint avant la crise financière de 2008. Ce raz-de-marée a déjà abîmé l’industrie allemande, qui perd des parts de marché dans les secteurs de l’automobile, des technologies propres ou de l’aviation civile. « Les déséquilibres macroéconomiques de la Chine portent désormais directement atteinte aux intérêts industriels allemands », s’inquiète une étude du centre de réflexion Centre for European Reform, publiée mi-janvier.

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