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Dans le projet de programme pour l’enseignement des mathématiques au cycle 3 [les classes de CM1, CM2, 6e] qui vient d’être publié [en décembre 2024], on peut lire que « des travaux proposés en dehors de la classe, notamment l’apprentissage des leçons et la résolution d’exercices d’application et d’entraînement sont indispensables pour consolider les acquis ».

Or, la circulaire du 29 décembre 1956 est formelle : « Six heures de classe bien employées constituent un maximum au-delà duquel un supplément de travail ne peut qu’apporter une fatigue préjudiciable à la santé physique et à l’équilibre nerveux des enfants. Ainsi, le travail écrit, fait hors de la classe, hors de la présence du maître et dans des conditions matérielles et psychologiques souvent mauvaises, ne présente qu’un intérêt éducatif limité. En conséquence, aucun devoir écrit ne sera demandé aux élèves hors de la classe. Cette prescription a un caractère impératif. »

Cette circulaire n’a jamais été vraiment appliquée dans toutes les classes de l’école primaire. C’est en invoquant précisément ce texte que Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’éducation nationale, avait justifié son choix de tenter de « rétablir » officiellement les devoirs à la maison, en février 1985, afin, disait-il, de régulariser cet état de fait pour mieux l’encadrer. En vain, car la circulaire de 1956 ne sera pas supprimée, le premier ministre Laurent Fabius s’y étant opposé.

Certains parents réclament des devoirs

Depuis, une circulaire de septembre 1994 rappelle la philosophie de celle de 1956 : « Les élèves n’ont pas de devoirs écrits en dehors du temps scolaire ». En septembre 1995, en plein débat sur les rythmes scolaires, François Bayrou, alors ministre de l’éducation nationale avant d’être le premier ministre actuel, décide que « pour lutter contre les inégalités des situations familiales », des études dirigées en classe se substitueront désormais aux « devoirs écrits » à la maison, « les élèves n’ayant plus que du travail oral à faire ou des leçons à apprendre ».

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