Que s’est-il passé à Marseille le 5 novembre 2018 ? L’effondrement de deux immeubles, dans la très populaire et centrale rue d’Aubagne, a provoqué une onde de choc dans la deuxième ville de France et des marches importantes ont rassemblé les Marseillais et les Marseillaises, bien au-delà des frontières urbaines et sociales qui fragmentent la ville.

Les huit personnes victimes de ce drame restent pour les Marseillais les victimes de trop, la marque indélébile de la déliquescence de la gestion municipale sous l’ère Gaudin [Jean-Claude Gaudin (1939-2024), maire de Marseille de 1995 à 2020]. Si certaines mémoires s’effilochent, le problème de l’habitat indigne, lui, est toujours là.

Six ans et deux jours après, le procès des mis en cause s’ouvrira le 7 novembre et durera six semaines avec, sur le banc des accusés, un panel très significatif de la « systémie » du mal-logement : propriétaires indignes, bailleur social, élu de la ville, syndic, expert… Nous, acteurs et actrices de la lutte pour un logement digne, la justice sociale et l’écologie populaire, en France et en Europe, nous nous tiendrons aux côtés des familles de victimes et des Marseillais mobilisés ces prochaines semaines pour réclamer justice et dignité.

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De nombreux médias et responsables politiques de l’époque et d’aujourd’hui ont tenté de faire croire à une situation « particulière » à la cité phocéenne. Le procédé est classique mais fallacieux : la soi-prétendue exagération méditerranéenne ne masque que bien mal ce que les faits n’ont pas tardé à rappeler : l’indignité du logement est un problème aux multiples facettes, répandu dans la France entière.

Dégradation lente mais sûre

En 2022, l’effondrement de Lille faisait à nouveau un mort, et d’autres, à Bordeaux ou Toulouse par exemple, nous alertaient du danger, heureusement sans faire de victimes. L’incendie de Vaulx-en-Velin, avec ses dix morts, en 2022, pour ne citer que celui-ci, viendra encore une fois plonger des centaines de voisins et de proches dans le deuil.

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A ces événements spectaculaires, il faut ajouter la dégradation lente mais sûre d’habitats anciens ou semi-récents, privés ou sociaux, dont l’insalubrité détruit à petit feu la santé des occupants. En France, selon la Fondation Abbé Pierre, il existerait 600 000 logements et 1,3 million de personnes directement concernés par l’habitat indigne (l’insécurité, l’insalubrité, l’inconfort…), 4,1 millions de personnes qui seraient plus globalement mal logées ou non logées, 12 millions vivant en situation de précarité énergétique…

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