Pendant de longues années, l’éducation sexuelle consistait surtout à dissuader de tout rapprochement physique avant le mariage, pour des raisons religieuses ou sanitaires. Autant dire que le plaisir sexuel n’y avait pas droit de cité. Adoptés de haute lutte dans l’effervescence libérale des années 1970, les premiers programmes scolaires relatifs à la sexualité se résument à la transmission de savoirs biologiques sur la reproduction. Si la contraception est mentionnée à partir de 1973, le plaisir reste un non-dit, une terra incognita des manuels, regrette le philosophe François Châtelet cette même année, dans une des multiples émissions télévisées consacrée alors au sujet.

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« Dans les programmes de sciences de la vie et de la Terre, les SVT, le plaisir sexuel apparaît en 2010, mais il n’est évoqué que sous l’angle technique », constate l’historien Yves Verneuil, auteur d’Une question « chaude » (Peter Lang, 2023). Ainsi, en 2011, le programme de SVT destiné aux classes de 1re scientifique précise que le plaisir « repose notamment sur des phénomènes biologiques, en particulier l’activation dans le cerveau des “systèmes de récompense” ».

La même année, l’historien note que l’éditeur Belin choisit d’illustrer le sujet par des études montrant que « les stimulations d’ordre sexuel activent les régions cérébrales du système de récompense ». L’ouvrage élargit toutefois son propos à la dimension psychosociale du plaisir sexuel humain, en précisant qu’il « implique des processus cérébraux bien plus élaborés (la mémoire, le langage, l’imagination, etc.) ».

Huit ans plus tard, c’est dans le programme de SVT de 2de que le sujet est abordé au lycée, en filière générale et technologique. Son contenu s’est étoffé et engage les enseignants à « veiller à ne pas limiter la relation entre sexualité et plaisir à la seule composante biologique ». Tout en précisant que « les facteurs affectifs et cognitifs ainsi que le contexte culturel ont une influence majeure sur le comportement sexuel humain ».

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