L’image la plus fraîche et la plus naturelle de Bob Marley est signée d’un adolescent. En 1973, Dennis Morris, âgé de 13 ans, fait l’école buissonnière avec l’idée de photographier son idole qui joue au club Speakeasy, à Londres, et patiente des heures avant que le groupe débarque pour les essais de son. Entre le musicien arrivé de Jamaïque, pas encore une star, et le jeune garçon noir, lui aussi d’origine caribéenne, qui tente de trouver sa place dans la société britannique, le courant passe immédiatement. Au point que Dennis Morris est invité à accompagner le groupe en tournée. « J’ai pris mon sac de sport comme si j’allais à l’école et j’ai quitté la maison », raconte-t-il.

Juste avant de partir, assis dans la camionnette, Bob Marley se retourne et lui lance : « Tu es prêt, Dennis ? » En guise de réponse, le gamin prendra cette photo historique. La tournée en question va tourner court – le groupe déteste le froid et, horrifié devant la neige, y voit un signe de Jah (Dieu), qui leur intime de rentrer en Jamaïque. Dennis Morris, lui, retourne chez sa mère, où il récolte une sacrée raclée.

L’épisode marquera un tournant dans sa vie. Il reste en contact avec Bob Marley et, lorsque celui-ci revient à Londres, en 1975, pour son célèbre concert au Lyceum, Dennis Morris signe la couverture des magazines Melody Maker et New Musical Express (NME) avec ses photos. Sa carrière est lancée. La légende du reggae incarnera pour lui bien plus qu’une opportunité, plutôt un père de substitution – d’autant que ni Dennis ni Bob n’ont grandi avec une figure paternelle. « Bob Marley m’a parlé de mon histoire, m’a incité à progresser. Il m’a appris à être un homme, à être noir, à être fier », dit-il aujourd’hui.

Aux premières loges du mouvement punk

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