A tout juste 30 ans, le photographe Tyler Mitchell a déjà vu son travail faire l’objet d’une vaste rétrospective. Un hommage que nombre de ses collègues pourtant plus âgés que lui n’ont pas encore reçu. Après le C/O, à Berlin, le Finnish Museum of Photography, à Helsinki, Photo Élysée, à Lausanne, l’exposition « Wish This Was Real » est présentée à la Maison européenne de la photographie, à Paris, à partir du 15 octobre.

A peine une dizaine d’années de carrière, et le jeune homme a déjà coché toutes les cases du succès. Il est représenté par la galerie Gagosian, poids lourd du marché de l’art, travaille avec l’éditeur Aperture, référence dans le secteur de la photo. A 23 ans, il était le premier photographe afro-américain à réaliser la couverture de l’édition américaine de Vogue, avec un portrait de la chanteuse Beyoncé.

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Qu’il s’agisse de projets personnels ou de travail de commande (publicités, séries mode pour des magazines), lui-même ne photographie, à quelques exceptions près, que des individus noirs. La démarche est assumée et engagée. Né dans l’Etat de Géorgie, au cœur de ce Sud des Etats-Unis qui fut l’épicentre de la ségrégation, Tyler Mitchell est nourri de l’histoire noire.

Images en couleurs pour révéler les corps noirs

« Son travail est une introduction des corps noirs dans des registres visuels où ils n’avaient pas lieu d’être », explique Clothilde Morette, directrice artistique de la Maison européenne de la photographie et cocommissaire de l’exposition. La production de Tyler Mitchell est toujours politique, qu’il montre des adolescents étendus sur l’herbe ou des couples enlacés, des pique-niques entre amis ou des bandes de jeunes hommes jouant sur des balançoires comme des petits garçons qu’ils ne sont plus.

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