« C’est une victoire politique telle que notre pays n’en a jamais vu auparavant » [« It’s a political victory that our country has never seen before »]. Pour une fois, les expressions employées par Donald Trump lors de son discours du mercredi 6 novembre au matin ne sont pas des hyperboles. Au lendemain de l’élection, alors que le décompte des voix est toujours en cours, le républicain a déjà remporté plus que les 270 grands électeurs nécessaires pour gagner la présidence, tandis que son camp obtient aussi la majorité au Sénat.

Surtout, le nouveau président élu remporte cette fois-ci le vote populaire, avec plus d’électeurs que Kamala Harris. Si la Chambre des représentants, pour l’instant incertaine, donne également la majorité aux républicains, Trump détiendrait alors le trifecta (le « tiercé gagnant » ) : la Maison blanche et les deux Chambres du Congrès – à quoi il faut ajouter la Cour suprême, qui connaît depuis son premier mandat une majorité de six juges conservateurs sur neuf.

Quelles sont les dynamiques de vote qui expliquent la victoire stupéfiante d’un candidat d’extrême droite détesté par un pourcentage considérable d’Américains, un condamné multirécidiviste que beaucoup soupçonnent d’être inféodé à la puissance russe ? Les premières d’entre elles tiennent certainement au talent politique, au charisme et à la résilience de ce personnage hors norme.

Absence de nouveaux talents

Mais le Parti démocrate ne peut faire l’économie d’un douloureux examen de ses propres responsabilités dans l’échec cuisant qui vient de lui être imposé. Ainsi, les premières raisons de la défaite doivent sans doute être imputées à la rivale de Trump, Kamala Harris. Au cours d’une campagne beaucoup trop courte, de fin juillet à début novembre, la candidate démocrate n’a pas réussi à porter un discours efficace auprès des Américains.

Entre son programme marqué à gauche lors de la campagne des primaires démocrates de 2020 et ses propositions beaucoup plus modérées quatre ans plus tard, les électeurs n’ont pas compris quelles étaient ses véritables opinions. Surtout, Harris n’a jamais réussi à trouver le ton juste pour exprimer son récit personnel – là où son adversaire, malgré ses mensonges répétés, est perçu comme « authentique ».

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Mais au-delà des insuffisances de Kamala Harris, il faut aussi blâmer l’absence, depuis près de dix ans, d’une véritable sélection de nouveaux talents politiques au sein du Parti démocrate. Fortement encouragées en haut lieu malgré la tenue de primaires présidentielles, les candidatures de Hillary Clinton en 2016 et de Joe Biden en 2020 ont entravé la montée de la relève démocrate. Pris de court par le retrait beaucoup trop tardif de Biden à la fin juillet, le parti s’est trouvé en manque de candidats de qualité.

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