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Histoires Web dimanche, novembre 9
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Livre. C’est au Niger que Bruno Chareyron commence le récit de son ouvrage Le Nucléaire : une énergie vraiment sans danger ? (Dunod, 228 pages, 18,90 euros). En 2003, l’ingénieur s’envole pour Niamey, puis Arlit, dans le nord du pays, où se trouvent des gisements d’uranium, exploités par le groupe français Areva (aujourd’hui Orano). A l’époque directeur du laboratoire de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), une association qui a pour but d’améliorer l’information et la protection du public face aux risques radiologiques, il a été contacté un an plus tôt par une ONG nigérienne, inquiète de l’impact de la radioactivité sur la population locale. A peine arrivés, les membres de son équipe sont fouillés, leur matériel est confisqué. « Nos différents interlocuteurs nous laissent comprendre à demi-mot que les ordres viennent de Paris », écrit-il. Car, à Arlit, la situation est effarante. Près des mines, des montagnes de résidus radioactifs s’élèvent à l’air libre.

Du Niger – qui a nationalisé la Somaïr, filiale d’Orano – à Fukushima, au Japon, en passant par les routes du Limousin et l’ancienne mine d’uranium des Bois-Noirs, dans la Loire, Bruno Chareyron a promené son compteur Geiger dans bien des endroits du monde pour rendre visibles des risques invisibles et informer sur les dangers de la radioactivité. Fasciné par l’atome, lors de ses études d’ingénieur en génie énergétique et nucléaire, c’est dans les années 1990 qu’il commence à déconstruire ce qu’il nomme un « mythe ». Alors qu’il vit à Caen, son fils de moins de 2 ans est soigné pour une leucémie. « Le bruit circulait d’un taux de leucémies infantiles anormalement élevé qui semblait frapper la région de La Hague (Manche) et d’un lien éventuel avec les rejets de l’usine de retraitement des combustibles irradiés. Il me fallait enquêter », raconte-t-il.

Pas « suffisamment résiliente »

En 1993, il rejoint donc la Criirad, une petite association de la Drôme créée en 1986, au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl. S’ensuivent alors des années d’investigations, des bras de fer musclés avec les entreprises du secteur et avec les autorités. Condensé de ces expériences, le livre est aussi un hommage à ces anonymes, venus un jour sonner à la porte de cette entité pour lui demander de l’aide. Comme Michel Leclerc, mécanicien sous-traitant à l’usine Comurhex de Malvési (Aude), malade et contaminé par de l’uranium, qui devra voler au médecin de l’usine son dossier médical pour en connaître le contenu.

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