De mémoire d’avocats, le renvoi d’un maire devant la justice pour expulsion illégale d’un campement de Roms était une première. Le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise) a marqué le fait en désignant non pas un magistrat, mais un collège de trois, pour l’audience du lundi 23 juin, où comparaissait Dominique Kudla, 74 ans, maire (sans étiquette) de Villeron, ainsi que cinq autres prévenus.

En septembre 2022, des familles roms commencent à s’installer dans le bois qui jouxte ce bourg proche de l’aéroport de Roissy. Une procédure d’expulsion est lancée et aboutira en mars 2023. Entre-temps, un collectif d’habitants échange sur WhatsApp. Un rassemblement, le 29 janvier 2023, est suivi d’un échange et de l’engagement d’un représentant des Roms à s’en aller. Une manifestation est déclarée en préfecture pour le 3 février 2023, avec le soutien du maire et l’objectif d’une dissolution du camp.

Ce jour-là, environ 200 personnes marchent du centre-bourg jusqu’à l’entrée du bois, où des gendarmes sécurisent le campement. Une heure après, la vingtaine d’hommes, de femmes et d’enfants encore dans les habitations de fortune – ils étaient plus de 150 avant l’engagement pris auprès des habitants – quittent le camp. Des habitants s’y introduisent et commencent à détruire les abris. Le maire fait venir le propriétaire d’une pelleteuse pour creuser une tranchée et démolir les cabanes.

« Rendez-nous notre bois »

Trois Roms déposeront plainte deux jours plus tard, dénonçant des violences verbales, des jets de bouteilles sur leurs véhicules, et que leurs enfants sont « émotionnellement mal ». Le maire ainsi qu’un des manifestants seront poursuivis pour menace, manœuvre, voie de fait ou contrainte pour forcer une personne à quitter son lieu d’habitation, violence sans incapacité et dégradation ou détérioration du bien d’autrui, dans les deux cas commises en raison de l’origine.

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