L’éclat d’Intérieur nuit, le livre de Nicolas Demorand (Les Arènes), se mesure aux 120 000 exemplaires vendus en librairie et aux multiples remerciements que l’auteur reçoit quotidiennement. « Il y avait dans le pays une masse de souffrance qui n’arrivait pas à se formuler », en a-t-il conclu, dans l’émission « La Grande Librairie » [sur France 5 ] le 28 mai.

En effet, plus d’un tiers de la population française est, ou sera, concerné par une affection psychiatrique. Nul ne sait s’il aura à faire face à sa part d’indomptable ou à celle d’un proche. Les ruptures de l’équilibre psychiques abondent à l’adolescence, après un événement traumatique, ou comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. L’hôpital public peut le traiter, comme Nicolas Demorand l’a découvert après son errance médicale.

A cela s’ajoutent des affections psychiques plus insidieuses : l’essor des dépressions est exponentiel ; les idées suicidaires des jeunes adultes prolifèrent depuis la pandémie ; la prescription de certains psychotropes s’accroît. Aux côtés de services de psychiatrie publique saturés, les consultations chez les libéraux explosent (26 % d’augmentation pour nous les psychologues entre 2019 et 2022, si l’on en croit les statistiques du site Doctolib). La douleur psychique a un coût économique : la maladie mentale était en 2024 le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Nicolas Demorand dévoile sa bipolarité et son apprentissage de la fragilité avec son livre « Intérieur nuit »

Le tour de force de Nicolas Demorand est de tenter de faire d’un stigmate un levier. Grâce à un juste diagnostic, les « malades mentaux » pourraient cesser de craindre d’être disqualifiés.

Le prix du déni

Encore aujourd’hui, 50 % d’entre eux préfèrent se taire. Le prix du déni est élevé. Nombreux sont ceux à « s’automédiquer » par des addictions, à exprimer leur mal-être par des somatisations ou des conduites agressives envers eux-mêmes ou autrui. On peut espérer qu’au treatment gap – le retard délétère dans la mise en place d’un traitement – se substitue un « MeToo » qui favorise la demande de soins.

Il vous reste 69.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version