La Russie est-elle réellement un « tigre de papier », comme l’a affirmé Donald Trump lors de l’Assemblée générale de l’ONU le 23 septembre ? En paraphrasant Mao Zedong, qui avait utilisé l’expression dans les années 1950 pour caractériser l’impérialisme américain, le président des Etats-Unis a notamment voulu souligner que Moscou était « en grande difficulté économique ». Le but était de contextualiser son changement de pied sur son soutien à l’Ukraine. Selon lui, le pays serait désormais en capacité de reconquérir l’intégralité de son territoire face à une Russie au bord du précipice. Comme toujours avec Donald Trump, la réalité est un peu plus compliquée que ses formules à l’emporte-pièce.
Pour se faire une idée de l’état réel de l’économie russe, le projet de loi budgétaire pour 2026, qui est actuellement soumis à la Douma, constitue un bon indicateur. Si la situation n’est pas aussi noire que ce que Donald Trump prétend, la Russie entre objectivement dans une conjoncture qui n’a jamais été aussi mauvaise depuis le début de l’agression de l’Ukraine en 2022. Le boom de l’économie, lié principalement à l’effort de guerre, appartient désormais au passé et les contribuables Russes vont être davantage mis à contribution.
Pour la première fois en quatre ans, le Kremlin est obligé de légèrement réduire ses dépenses de défense, même si la part qui y est consacrée, en comptant les investissements de sécurité, se maintient à 8 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui reste énorme. La guerre, qui a déjà coûté 228 milliards d’euros entre 2022 et 2024, selon les données officielles disponibles, demeure donc une priorité, mais c’est au prix d’arbitrages douloureux. Dans un contexte de fort ralentissement de la croissance, passée de 4,3 % en 2024 à une prévision de 1 % pour 2025, et de baisse des recettes, le déficit budgétaire se creuse dangereusement, obligeant Vladimir Poutine à renier sa parole de ne pas augmenter les impôts.
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