
Au printemps, les forces armées soudanaises et leurs alliés reprennent le contrôle de Khartoum, au terme d’une contre-offensive qui a transformé la capitale soudanaise en champ de ruines. Les soldats ratissent méthodiquement les quartiers autrefois détenus par les Forces de soutien rapide (FSR) de Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti ». Dans l’un des nombreux dépôts de munitions qu’ils ont abandonné dans le quartier d’Al-Taif, ils découvrent des caisses poussiéreuses estampillées « Kenya ».
Malgré les dénégations de Nairobi, cette trouvaille constitue une preuve supplémentaire du rôle trouble du Kenya dans la guerre soudanaise. A Port-Soudan, siège du gouvernement du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, personne n’est étonné : « Le Kenya a été l’un des principaux intermédiaires pour acheminer le matériel militaire émirati vers la milice terroriste des FSR », dénoncent, en juin, les autorités.
Cette découverte ne déclenche pas une crise diplomatique entre les deux pays, elle en marque plutôt le paroxysme. La rupture était déjà consommée après les multiples gestes de complaisance, voire de complicité, du président kényan, William Ruto, envers les paramilitaires d’« Hemetti ».
En mars, Port-Soudan avait suspendu ses importations kényanes, en représailles à la grande cérémonie organisée en février, dans le centre-ville de Nairobi, par les FSR et leurs alliés. Lors de cet événement, les chefs paramilitaires avaient paraphé la charte fondatrice d’un gouvernement parallèle censé administrer les zones qu’ils contrôlent – notamment au Darfour – et leur conférer une légitimité internationale. L’organisation de cette conférence par le Kenya avait alors été vécue comme une trahison par le général Al-Bourhane, qui qualifiait Nairobi de « rogue state » (« Etat voyou »), dans un communiqué au vitriol, publié le 2 mars.
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