Il y a cinq ans déjà que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne (UE) − quatre ans si l’on ne compte pas l’année de transition en 2020 – et qu’il a retrouvé sa « pleine souveraineté », selon le vocabulaire utilisé par les partisans du Brexit, sur la base d’un simple accord de libre-échange avec l’UE. Ce qui frappe le plus, quand on observe la scène britannique aujourd’hui, c’est le décalage entre les effets réels négatifs de la sortie de l’UE et un discours politique toujours marqué par une extrême timidité sur le sujet, y compris de la part de ceux qui s’y étaient opposés à l’époque et sont, dans le cas du Parti travailliste, au pouvoir actuellement.

Les effets économiques du Brexit ne sont pas faciles à évaluer, d’autant qu’ils se sont combinés à d’autres facteurs comme la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine. Mais, sans surprise, les échanges de marchandises (plutôt que de services) avec l’UE ont diminué avec l’instauration des contrôles administratifs et sanitaires aux frontières. Les économistes évaluent, par ailleurs, l’effet du Brexit sur la croissance à moyen terme à – 5 % par rapport à ce qu’elle aurait été si le Royaume-Uni était resté dans l’UE. L’économie britannique est aujourd’hui en grande difficulté, avec un endettement élevé, une croissance quasi nulle et des besoins criants d’investissement impossibles à financer dans les services publics.

Les ambitions d’un « Global Britain » (« Grande-Bretagne mondiale ») ont été remisées dès l’accession au pouvoir, fin 2022, du conservateur Rishi Sunak. Et le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, imprévisible et potentiellement hostile, renforce l’isolement relatif du pays sur la scène internationale, malgré la vigueur de son engagement auprès de l’Ukraine. Par ailleurs, l’immigration totale − principal moteur du vote en faveur du Brexit – a augmenté depuis 2020. La baisse du nombre d’Européens a été plus que compensée par l’arrivée d’immigrés extracommunautaires en provenance d’Ukraine, de Hong Kong, d’Inde et du Nigeria notamment.

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