Au cours des dernières semaines, plusieurs annonces de clubs français ont instillé le doute quant à leur investissement dans le développement du football féminin.

Pourtant, la professionnalisation des équipes féminines est non seulement l’une des orientations stratégiques majeures de la Fédération française de football (FFF), mais aussi une opportunité économique sur le moyen-long terme. Pour la saisir, les clubs français doivent donc sortir des logiques court-termistes et affectives en développant une approche pragmatique qui offre à leurs joueuses les conditions du succès.

Le 29 avril, la FFF présentait par les voix de son président, Philippe Diallo, et de son vice-président, Jean-Michel Aulas, la nouvelle Ligue féminine de football professionnel, et annonçait son objectif de « faire de la France la meilleure ligue européenne de football féminin professionnel ».

Dans des termes peu flatteurs

Cette annonce signe une nouvelle étape décisive du processus de professionnalisation du football féminin en France, et s’inscrit dans une stratégie globale de développement visant notamment le dépassement de la barre symbolique des 500 000 licenciées d’ici à 2028 (contre 247 160 en 2024) et l’allocation de 50 à 70 millions d’euros à la structuration des clubs sur cinq ans. Elle intervient cependant dans un contexte marqué par des déclarations inquiétantes de la part de dirigeants de clubs français au sujet de leurs équipes féminines.

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Dans une interview publiée le 29 avril dans Midi Libre, Laurent Nicollin, président du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC), club historique du football féminin, a ainsi annoncé « une baisse drastique » du budget consacré à sa section féminine. Assumant d’être « beaucoup dans l’affect » et, dans des termes peu flatteurs pour ses joueuses, il dit sa déception après leur fin de saison à la sixième place de la D1 Arkema, puis affirme vouloir désormais « jouer le milieu de tableau ».

A l’US Orléans, c’est toute la section féminine qui était à deux doigts de disparaître l’année prochaine ou d’être rétrogradée en division inférieure malgré des résultats sportifs satisfaisants, pour offrir plus de moyens financiers à l’équipe masculine qui vise la montée en ligue 2. Des décisions à contresens de l’histoire et qui illustrent parfaitement les dysfonctionnements du secteur.

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Le développement du football féminin pâtit en effet encore, dans certains clubs, d’une gestion non professionnelle et d’investissements intermittents, excessivement dépendants de l’engagement personnel de certains décideurs. Si des grands dirigeants comme Louis Nicollin (1943-2017) et Jean-Michel Aulas ont marqué positivement l’histoire de la discipline, l’avenir des joueuses ne devrait pas dépendre de personnalités charismatiques.

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