La nappe à carreaux rouges et blancs faisait 200 mètres de long entre l’Arc de triomphe et l’avenue George-V. Dimanche 26 mai, le Comité Champs-Elysées a offert un pique-nique à 4 000 personnes sur la chaussée. « C’est pour dire aux Parisiens : revenez sur les Champs », expliquait alors Marc-Antoine Jamet, son président, en se félicitant, sur le réseau social X, d’avoir obtenu « beaucoup de retombées positives pour l’avenue ». Le lendemain, lundi 27 mai, le narratif autour d’un événement franchouillard, sympathique et chaleureux a cédé la place à une tout autre démonstration, lors de la présentation de l’étude « Réenchanter les Champs-Elysées » au Théâtre Marigny. Celle de la force de cette association dite « de commerçants », qui n’a plus rien du simple « syndicat d’initiative » créé en 1916 par Louis Vuitton.
Sur les quinze dernières années, le nombre de ses membres a quasiment triplé, pour atteindre près de 185 aujourd’hui. Les principales enseignes de l’avenue y adhèrent, mais aussi les foncières et fonds d’investissement propriétaires des mètres carrés parmi les plus chers de la capitale. Sous l’impulsion de son ancien président, Jean-Noël Reinhardt, ex-PDG de Virgin, l’association a changé d’envergure. Celle-ci s’est en effet ouverte à tous les usagers de l’avenue, dont les théâtres, les cinémas, les musées, mais aussi à tous les propriétaires.
Depuis, chacun cotise à hauteur de ses finances : 3 500 euros pour les foncières et enseignes de luxe, et 1 400 euros pour les autres, dont les commerçants et les restaurateurs. En outre, l’association, dont le budget annuel atteint environ 400 000 euros, peut, des mêmes adhérents, recevoir des « soutiens ponctuels » d’un montant de 6 600 euros.
Pour les opérations spéciales, comme les illuminations des fêtes de fin d’année qu’elle a lancées en 1980, elle lève des fonds auprès de mécènes. En 2022, aux côtés des adhérents du Comité et de la Ville, Sephora – filiale du groupe LVMH – a cofinancé l’illumination de l’avenue. Budget : 1 million d’euros. Coca-Cola lui a succédé en 2023.
« Mettre la Ville sous pression »
L’association est aussi celle d’hommes puissants. Le Comité Champs-Elysées est aujourd’hui présidé par Marc-Antoine Jamet, secrétaire général de LVMH, groupe de luxe aux 86,2 milliards d’euros de ventes mondiales. Il a été élu à l’unanimité en 2021. Depuis des années, le groupe de Bernard Arnault, première fortune de France, est l’un des poids lourds de l’association : il est un propriétaire majeur sur l’avenue et aussi un gros exploitant, à la tête des magasins Louis Vuitton, Sephora, Bulgari, Tiffany & Co., Guerlain, Dior. Il a par ailleurs plusieurs projets en cours, dont la création d’un magasin Louis Vuitton de près de 6 000 mètres carrés. Ni Hermès ni Kering, ses deux principaux concurrents, n’en sont membres.
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