Pour dénoncer la présence du Parti communiste chinois (PCC) à la Fête de L’Humanité, le 13 septembre 2022, Dilnur Reyhan, sociologue et présidente de l’Institut ouïghour d’Europe (IODE), a mené une action de désobéissance civile non violente, consistant à un jet de peinture rouge devant un kakémono du stand détenu par l’ambassade de la République populaire de Chine (RPC) en France.

Cet acte symbolique s’inscrit dans le cadre d’une campagne de mobilisation plus large à l’initiative de l’IODE visant à dénoncer le génocide perpétré par le régime chinois contre le peuple ouïgour. Rappelons que, le 20 janvier 2022, sur la base des travaux menés par l’institut, l’Assemblée nationale a voté une résolution reconnaissant le caractère génocidaire des persécutions systémiques de la Chine contre les Ouïgours, faits constitutifs, par ailleurs, de crime contre l’humanité.

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Alors qu’elle était accompagnée de Gulbahar Jalilova, rescapée des camps de concentration du régime chinois et réfugiée politique en France, Dilnur Reyhan avait alors été prise à partie par un représentant de l’ambassade de la RPC en France.

Dans une campagne de harcèlement judiciaire et de répression transnationale, l’ambassade avait en outre déposé une plainte, en septembre 2022, contre Dilnur Reyhan pour violence et dégradation volontaire, visant à la contraindre au silence. Cette plainte, initialement classée sans suite, a été rouverte par le parquet d’Evry [le procès doit se tenir le mercredi 12 mars], soulevant des questions. Cette réouverture survenait juste après la visite, en mai 2024, du président chinois en France, XI Jinping, marquée par des attaques contre une manifestation ouïgoure et une tentative d’enlèvement de Gulbahar Jalilova.

Démoraliser, dissuader et terroriser

La stratégie de harcèlement judiciaire de Pékin, combinant « guerre psychologique » et « guerre à travers le droit », est bien documentée. Le rapport de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire de 2021 souligne l’influence chinoise en France, incluant la propagande négationniste, la diplomatie coercitive et les attaques juridiques contre les critiques de Pékin. Les cas des chercheurs Valérie Niquet (attaquée en diffamation par Huawei), Antoine Bondaz (insulté sur Twitter/X par l’ambassade de la RPC à Paris), Anthony Anstett (condamné pour diffamation après une plainte de l’Institut Confucius) et de Dilnur Reyhan illustrent cette stratégie visant à imposer un coût financier et psychologique aux personnes ciblées.

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