On savait que, coincé entre les turpitudes économiques et les contradictions politiques d’une Assemblée nationale sans réelle majorité, le premier ministre, François Bayrou, n’allait pas révolutionner le budget. Le mieux qu’il pouvait faire, c’était éviter des erreurs durables. Mission (presque) accomplie : le budget Bayrou, présenté à l’état de projet ce mardi 15 juillet, est une bonne surprise, qui pourrait certes n’être qu’éphémère.

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L’erreur majeure est la dramatisation de la dette. Certes, elle est excessive et potentiellement dangereuse, mais c’est un sujet de long terme : elle est le résultat de décennies durant lesquelles tous les politiques, ou presque, ont affiché un mépris souverain sur la question, et il va également falloir des années pour organiser le reflux. Avec un horizon limité à 2027, François Bayrou ne peut pas faire grand-chose.

L’objectif premier de la dramatisation qu’il a mise en scène est peut-être de calmer la Commission européenne et les marchés financiers. L’essentiel est, pour lui, de stabiliser le déficit (de 5,4 % du produit intérieur brut [PIB] en 2025 à 4,6 % en 2026). Ce sera peut-être le cas après les discussions qui vont s’engager pour éviter la censure : le premier ministre s’est donné une petite marge de manœuvre.

L’année blanche, idée lisible et efficace

Le cœur de la stratégie est de faire reculer la dépense publique et de ne pas alourdir la fiscalité. C’est essentiel et nouveau en France. Les gouvernements précédents promettaient des économies chiffrées en millions d’euros, des sommes largement anecdotiques. On parle aujourd’hui de 43,8 milliards, soit 1,3 % du PIB : cela commence enfin à ressembler à une grandeur significative.

L’année blanche (le gel des dépenses publiques, sans tenir compte de l’inflation) est la bonne idée. C’est lisible, et c’est efficace. C’est aussi une digue relativement solide face aux centaines d’exceptions que demanderont tous les groupes de pression habituels. Et la non-indexation sur l’inflation des prestations sociales est relativement indolore à un moment où l’inflation est revenue à un peu plus de 1 %.

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