En quelques mois, la finance durable est devenue une cible. Le secteur – qui prend en compte les enjeux extrafinanciers de l’investissement (environnementaux ou sociaux) – s’inquiète du risque de voir compromis le financement de la transition énergétique et de la réduction des émissions de CO2 dans l’industrie et les services.

Aux Etats-Unis, les six principales banques du pays se sont désengagées en quelques semaines de la Net-Zero Banking Alliance (alliance bancaire zéro émission nette), ce réseau mondial censé favoriser la réalisation des objectifs de réduction des émissions, en raison des menaces de poursuites judiciaires pour entente délictueuse brandies par des adversaires de l’investissement ESG (ayant des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) de plus en plus virulents.

De son côté, le géant BlackRock, qui gère plus de 11 600 milliards de dollars d’investissements (environ 11 200 milliards d’euros), s’est retiré de la Net Zero Asset Managers Initiative – l’alliance équivalente des gestionnaires d’actifs – qui a suspendu dans la foulée toutes ses activités. La Réserve fédérale américaine elle-même a quitté le Network for Greening the Financial System, le « réseau de verdissement du système financier » rassemblant des banques centrales et des autorités financières.

Le tout avant même que le président des Etats-Unis, Donald Trump, annonce la nouvelle sortie de son pays de l’accord de Paris sur le climat en arguant du caractère « nuisible » des réglementations climatiques pour l’économie.

Le vent tourne

En Europe aussi, c’est au nom de la compétitivité économique que l’Union européenne prévoit de « simplifier » l’application de la directive européenne qui encadre la publication par les entreprises des informations en matière de durabilité de leurs activités (CSRD), celle sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CS3D), adoptée en mai 2024 par le Conseil européen, et celle de la taxonomie verte (cette classification des activités des entreprises visant à identifier les plus durables). Autant de mécanismes censés orienter les flux de capitaux vers le développement des énergies renouvelables ou la décarbonation de l’industrie.

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