Le Domaine de Beauregard, son charmant petit château de style troubadour bâti en 1864, son vaste domaine boisé de 23 hectares… et, surtout, son festival du même nom. Depuis 2009, le parc qui appartient à la municipalité d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados) accueille, chaque été, le plus grand rassemblement musical de Normandie. La manifestation est passée de 20 000 spectateurs lors de sa première édition, à 150 000 aujourd’hui, tout en gardant sa dimension humaine. Pour la deuxième année consécutive, ses codirecteurs Claire Lesaulnier et Paul Langeois ont la fierté d’afficher complet depuis le mois de mai, un exploit à l’heure où des institutions comme les Francofolies, les Vieilles Charrues ou encore Rock en Seine ne font pas totalement le plein.

L’année dernière, malgré l’annulation de Blur, le succès ne s’est pas démenti, grâce à une programmation jonglant habilement entre têtes d’affiche grand public, nationales et internationales (Sting, Angèle, Shaka Ponk), rap (Lomepal, Damso), rock (Airbourne, Interpol), chanson (Jain, Pomme) et électro (Boys Noize, M83). Cette 16e édition, qui s’étale de nouveau sur cinq jours du 3 au 7 juillet, réitère cette formule éclectique et rassemble 41 groupes et artistes dont Massive Attack, Parcels, Archive, Véronique Sanson, Etienne Daho… En ouverture mercredi, le DJ David Guetta a battu tous les records avec 30 000 billets vendus en moins de deux heures.

Samedi 6 juillet, à la veille du second tour des législatives, l’ambiance n’est pas totalement à la fête pour tout le monde. Dans le Calvados, lors du premier tour, le RN a été le parti le plus plébiscité par les électeurs dans quatre des six circonscriptions. Si, sur le site de Beauregard, l’ambiance demeure apaisée, Paul Langeois ne cache pas son inquiétude : « C’est vrai qu’on appréhende dimanche. On garde ça en tête, à 20 heures, tout le monde regardera les résultats. Mais c’est peut-être, ici, le meilleur endroit pour passer les législatives. Un lieu où sont réunies toutes les provenances socio-culturelles. »

Pur moment de rock’n’roll

Le premier choc culturel se déroule ce samedi, à 16 heures, lorsque Fat White Family lance les hostilités. On continue de s’interroger comment cette formation rock déjantée, formée voilà dix ans, demeure toujours en activité, tant leurs concerts demeurent imprévisibles et sur la brèche. Son extravagant chanteur Lias Kaci Saoudi ne cache d’ailleurs physiquement pas grand-chose sur scène et aime provoquer ses spectateurs.

Simplement habillé d’un boxer couleur peau et étrangement rembourré, le trublion en sort quelques restes de son déjeuner (morceaux de salade, viande…) qu’il mange ou lance à la foule. Si les titres du dernier album Forgiveness is Yours opèrent une mue plus pop, avec des tempos dansants et même de la flûte traversière, la nature déviante du groupe finit par prendre le dessus. Un peu comme si Iggy Pop officiait aux micros de Roxy Music et d’Abba. Mine de rien, ces Anglais nous ont gratifiés d’un pur moment de rock’n’roll comme on en croise rarement de nos jours.

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