« Suède, 14 mars 2018 ». Issu de la série « August Song ».

« Laure », de Kevin Orr, Seuil, « Fiction & Cie », 224 p., 20 €, numérique 15 €.

Laure est un livre étrange et remarquable, le deuxième de Kevin Orr après un roman déjà vieux d’une douzaine d’années, Le Produit (Seuil, 2013), qui racontait d’une façon particulièrement originale l’histoire d’une addiction, matérielle et peut-être métaphysique. Sans doute n’est-il pas anodin qu’un temps si long vienne ainsi séparer le premier livre du suivant : on est tenté d’y voir comme une résistance aux usages ordinaires de l’édition, qui voudraient qu’un auteur publie à un rythme soutenu pour « s’imposer », ou du moins ne pas se faire oublier.

On n’oubliera pas Kevin Orr. Il y a chez lui une extraordinaire singularité de ton, et même de syntaxe, qui nous saisit dès les premières pages de ce nouveau livre, avec sa drôle de manière de regarder la mort en face. Cette mort, c’est celle de « Maman », disparue il y a longtemps, et celle à venir de « Papa », qui s’annonce « depuis des mois », tandis qu’il agonise dans un Ehpad, à Paris. On écoute alors la voix du fils, qui s’emploie d’abord à restituer l’histoire de ses parents, dans une langue empruntant à l’oral et à l’enfance, en réalité très travaillée, où l’usage récurrent du présent fait surgir abrupte, parfois douloureuse, la surprise de souvenirs nombreux.

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