Une page d’histoire monétaire s’est tournée en ce début d’année 2025, entraînant une nouvelle pression sur la dette française. Depuis le 1er janvier, la Banque centrale européenne (BCE) a entièrement cessé d’acheter des obligations européennes. C’est la première fois depuis une décennie qu’elle met fin à ses interventions sur les marchés financiers.

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« Ce n’est pas la première cause de la hausse des taux d’intérêt [depuis un mois], mais ça participe au mouvement », estime George Cole, économiste à la banque américaine Goldman Sachs. Selon lui, ce désengagement de la BCE ajoute environ 0,7 point aux taux d’intérêt européens. Pour la France, qui emprunte actuellement à 3,4 % pour les obligations à dix ans, et dont les marges budgétaires sont particulièrement limitées, c’est loin d’être négligeable. De quoi ajouter un peu plus de 2 milliards d’euros d’intérêts rien que pour les emprunts prévus par le gouvernement français en 2025.

Pour comprendre le mécanisme en jeu, il faut remonter à 2015. En pleine crise de la zone euro, l’économie est à plat et le problème du moment est le risque de déflation. La BCE tente désespérément de relancer l’activité, mais elle est bloquée : elle a déjà descendu les taux d’intérêt… en territoire négatif, à – 0,2 %. Du jamais-vu.

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La BCE décide alors de recourir à un autre outil : elle se met à acheter les dettes des Etats européens. En intervenant directement sur les marchés, elle pousse les taux d’intérêt auxquels ceux-ci empruntent encore plus bas. Cette entorse majeure à l’orthodoxie monétaire déclenche une tempête en interne à l’institution monétaire, provoquant la colère du gouverneur allemand. Mais son président de l’époque, Mario Draghi, impose sa volonté, et la BCE devient une actrice majeure des marchés obligataires.

Qui va acheter les dettes ?

Quand la pandémie de Covid-19 arrive, sa successeure, Christine Lagarde, redouble d’activité en ce sens. A tel point que la BCE devient – de très loin – le principal acquéreur des obligations européennes. De 2015 à 2022, l’institution achète près de 5 200 milliards d’euros de dette. A son pic, elle a possédé la moitié de toutes les dettes des pays de la zone euro, selon les calculs d’UBS.

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