A Alger, en octobre 2022.

L’Algérie a accusé, jeudi 7 août, la France de s’exonérer « de ses responsabilités » dans la crise bilatérale et a dénoncé, dans un communiqué officiel, la suspension annoncée la veille par Emmanuel Macron de l’accord sur l’exemption des visas au profit des titulaires de passeports diplomatiques et de service.

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La lettre, dans laquelle le président français fait cette annonce, « exonère la France de l’intégralité de ses responsabilités et fait porter tous les torts à la partie algérienne. Rien n’est plus loin de la vérité et de la réalité », selon le ministère des affaires étrangères algérien.

Les relations entre Paris et Alger traversent depuis l’été 2024 une crise sans précédent après la reconnaissance par la France d’un plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » pour le Sahara occidental, territoire que se disputent depuis cinquante ans le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario, soutenus par Alger.

Dans une lettre au premier ministre, François Bayrou, M. Macron a prôné « plus de fermeté » à l’égard de l’Algérie, en dénonçant son inflexibilité sur la question migratoire et la détention de deux ressortissants français que Paris juge arbitraire. Concernant l’accord d’exemption de visas, l’Algérie a affirmé que « c’est la France, elle seule, qui a été à l’origine d’une telle demande. En décidant la suspension de cet accord, la France offre à l’Algérie l’opportunité d’annoncer la dénonciation pure et simple de ce même accord ».

Pour l’Algérie, dès l’éclatement de la crise avec la France après le revirement sur le Sahara occidental, la France a « procédé par injonctions, ultimatums et sommations ».

« Retrouver des relations efficaces et ambitieuses »

Dans sa lettre, M. Macron demande aussi à son gouvernement d’utiliser le levier « visa-réadmission », qui permet de suspendre la délivrance de visas de long séjour aux citoyens d’un pays dont les autorités coopèrent « insuffisamment » pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière.

M. Macron a notamment motivé le tour de vis envers Alger par la situation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison ferme notamment pour « atteinte à l’unité nationale », et du journaliste français Christophe Gleizes, condamné à sept ans de prison en Algérie pour « apologie du terrorisme ».

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Le président français a néanmoins assuré que son « objectif reste de retrouver des relations efficaces et ambitieuses avec l’Algérie ». Jeudi, M. Bayrou a déclaré que la France « n’est pas dans l’esprit d’un affrontement perpétuel » avec Alger et espère « retrouver un jour des relations équilibrées et justes ».

En parallèle, l’Algérie a annoncé, jeudi, la fin de la gratuité des biens prêtés depuis des décennies à l’ambassade de France en Algérie et une révision des baux contractés pour d’autres institutions françaises sur le territoire algérien. Une note verbale transmise par Alger à Paris annonce aussi « le réexamen des baux, considérablement avantageux, contractés par l’ambassade » avec des établissements immobiliers publics en Algérie, par exemple pour y héberger les instituts français ou des consulats présents dans le pays. Le ministère a invité « la partie française à dépêcher une délégation à Alger pour entamer les discussions à ce sujet », selon le communiqué.

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Le Monde avec AFP

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