Un combattant taliban afghan patrouille dans la région de Spin Boldak, près de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan, le 15 octobre 2025.

L’Afghanistan et le Pakistan ont approuvé, mercredi soir 15 octobre, un cessez-le-feu de 48 heures après l’une des confrontations armées les plus graves des dernières années à leur frontière, ayant fait des dizaines de morts. Cette trêve est entrée en vigueur à 15 heures (heure à Paris), peu de temps après avoir été annoncée par les deux pays, chacun assurant que l’autre l’a demandée pour mettre fin à la flambée de violences.

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Le gouvernement taliban a ordonné à l’armée afghane de respecter la trêve, a précisé son porte-parole Zabihullah Mujahid, sur le réseau social X. « Pendant cette période, les deux parties s’efforceront sincèrement de trouver une solution positive à ce problème complexe, mais résoluble, par un dialogue constructif », a, de son côté, dit la diplomatie pakistanaise.

Ce nouveau cycle de violence entre les deux pays avait été déclenché le jeudi 9 octobre par des explosions survenues à Kaboul et dans le sud-est du pays jeudi dernier. Elles avaient été attribuées au Pakistan par le gouvernement taliban, qui a par la suite lancé une opération à la frontière. Mercredi, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a dit avoir recensé « des dizaines de civils tués et blessés » depuis le début des combats, tandis que le rapporteur spécial de l’ONU Richard Bennett a appelé à une « retenue maximale ».

Avant l’instauration du cessez-le-feu mercredi, Kaboul et Islamabad se sont mutuellement accusés d’avoir lancé de nouvelles attaques contre la frontière mercredi. Mais le Pakistan a également mené des « frappes de précision » à Kaboul, selon des sources de sécurité pakistanaises.

Tensions récurrentes

L’armée pakistanaise estime avoir abattu « entre 15 et 20 talibans afghans » à Spin Boldak, dans le sud de l’Afghanistan, voire une vingtaine d’autres « suspectés » d’avoir été tués dans la nuit ailleurs le long de la frontière. « La souveraineté du pays sera défendue à tout prix », a amis en garde mercredi le premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, dans un communiqué.

Mais côté afghan, des responsables ont indiqué que plus de dix civils avaient été tués et plus de 100 blessés dans la région de Spin Boldak. Du côté des forces afghanes, seuls ou « deux ou trois » combattants ont été tués, a affirmé M. Mujahid auprès de l’AFP. Des dizaines de morts avaient été recensés de chaque côté samedi et dimanche, mais seulement des combattants.

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Ces nouvelles violences surviennent sur fond de tensions récurrentes entre les deux pays voisins, alimentées par des questions sécuritaires. Islamabad, confronté à une résurgence d’attaques contre ses forces de sécurité, accuse son voisin « d’abriter » des groupes terroristes, en tête desquels les talibans pakistanais (Tehrik-e-Taliban Pakistan, TTP), ce que Kaboul dément.

Les explosions survenues la semaine dernière en Afghanistan, prélude à ce nouvel accès de violence, ont eu lieu alors que le chef de la diplomatie talibane effectuait une visite inédite en Inde, ennemi historique du Pakistan.

Le Monde avec AFP

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