Eva Ménard est concentrée. L’étudiante, en première année de brevet de technicien supérieur services et prestations des secteurs sanitaire et social à Rouen, est toujours au premier rang de sa classe. La jeune femme porte toute son attention sur le visage de son enseignant, aucune seconde d’inattention n’est envisageable pour qu’elle suive la leçon. Téa, 2 ans, femelle berger australien, veille pour sa part sur l’étudiante âgée de 20 ans. En cas de danger imminent, en cas d’alarme sonore, le chien d’assistance a pour mission d’alerter sa maîtresse, sourde. Eva prend ses notes en lisant sur les lèvres.

Si d’aventure, un professeur conduit son cours en déambulant dans la classe, « il est compliqué de lire ses paroles », explique l’étudiante dans un euphémisme poli. Comme Eva, ils sont en France 59 000 étudiants reconnus en situation de handicap (ESH), soit 2 % de la population estudiantine. Le pays compte 6,8 millions de personnes handicapées selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Les jeunes handicapés qui parviennent à atteindre l’enseignement supérieur « sont les rescapés du système scolaire, qui maintient ces élèves en classe jusqu’à leurs 16 ans. Puis, une fois que l’âge de l’enseignement obligatoire est atteint, il les éjecte », estime Bénédicte Kail, conseillère nationale éducation familles de l’association APF France Handicap.

La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », dite loi « handicap », a été promulguée sous le gouvernement Raffarin. Elle engage les établissements d’enseignement supérieur à assurer la formation des étudiants handicapés « en mettant en œuvre les aménagements nécessaires à leur situation dans l’organisation, le déroulement et l’accompagnement de leurs études ».

Exigence d’une adaptation personnalisée

En théorie, chaque école, chaque université, dispose d’un service spécifique mais, près de vingt ans après le vote de la loi, les dispositions prises sont inégales, parfois inexistantes. Pourtant, les 72 universités françaises sont bien dotées d’un service de santé étudiante et d’une mission handicap, 83 % des ESH s’y inscrivent. Ils choisissent premièrement les filières de lettres, de langues et de sciences humaines, puis celles de sciences et enfin de droit, d’économie-gestion, et d’administration économique et sociale.

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