Mercredi 3 septembre, le visage de Christine Paccoud apparaît sur nos écrans de télévision. Elle nous parle de Caroline Grandjean-Paccoud, son épouse, qui s’est donné la mort le jour de la rentrée des classes. « Le problème, il vient de l’extérieur », dit-elle, la gorge serrée, au journaliste de France 2 qui l’interroge. Christine et Caroline vivaient à Moussages, petit village du Cantal. Caroline était enseignante et directrice d’école, elle avait 42 ans et ce qu’elle a vécu vient effectivement de « l’extérieur », c’est-à-dire du jugement posé sur elle, sur son travail, et sur chaque aspect de sa vie en tant que lesbienne.

Lors de cette même interview, diffusée au journal télévisé de 20 heures, le journaliste demande presque naïvement à Christine Paccoud : « De quoi est-ce qu’elle a le plus souffert ? Le manque de soutien ou les insultes homophobes ? » Avant même qu’il ne termine sa phrase, elle acquiesce et répond avec une évidence déchirante : « le manque de soutien », tout en ajoutant que la hiérarchie n’a « pas compris la souffrance » de son épouse.

Ces quelques phrases résument à elles seules la condition des lesbiennes en France. Les insultes sont monnaie courante, elles font partie du quotidien de nombreuses lesbiennes, jeunes et moins jeunes, elles conditionnent leur vie et structurent leur rapport au monde. Ces insultes sont inévitables, à l’école, au travail, dans la rue dès lors que deux femmes se tiennent par la main. Elles font irruption dans la vie de chaque lesbienne sans qu’elles puissent les anticiper et les éviter.

Cet « extérieur » auquel Christine Paccoud fait référence, c’est la société dans laquelle nous vivons. Une société qui éprouve encore une gêne, un malaise considérable à prononcer ou à écrire le mot « lesbienne ». Cet « extérieur » représente aussi les institutions, ici l’éducation nationale et son incapacité évidente à réagir lorsque l’une de ses fonctionnaires est victime d’un harcèlement lié à son orientation sexuelle. Pourquoi est-ce si difficile de comprendre la condition des lesbiennes en France ?

Il vous reste 65.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version