En Zambie, le cuivre est si incontournable qu’on lui a donné le nom de la plus stratégique des provinces, la Copperbelt. Dans cette région du nord du pays, qui borde la République démocratique du Congo (RDC) et partage le même bassin géologique, les villes semblent à première vue ordinaires, avec leur valse de minibus bondés et leurs vendeurs de rue officiant sous un parasol défraîchi ou un généreux manguier. Mais, au détour d’un virage peuvent y surgir à tout moment un menaçant terril noir, un puits béant à ciel ouvert ou la cheminée noircie d’une fonderie.

Dans la Copperbelt, chaque famille compte un père, un fils, un oncle qui travaille ou a travaillé à la mine. Cœur de l’économie locale, elles sont aussi un pan entier de la culture – et de la fierté – populaire depuis plus d’un siècle, bien avant l’indépendance de 1964. Le père de la nation, Kenneth Kaunda, une figure du panafricanisme, a raillé un jour ses compatriotes d’être « nés avec une cuillère en cuivre dans la bouche ».

Le métal rouge n’a pourtant pas apporté la prospérité. Plus de 60 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté, plus que la moyenne subsaharienne (autour de 40 %), et la Zambie se situe au 153rang mondial sur 193 en matière d’indice de développement humain.

La richesse de son sous-sol ne l’a pas non plus prémunie d’une douloureuse crise de la dette depuis la fin de 2020. Submergée par les emprunts multipliés par dix en dix ans (33 milliards de dollars, soit 32 milliards d’euros), Lusaka a été la première capitale africaine à faire un défaut post-Covid-19, devenant l’incarnation de ces économies subsahariennes fragiles, prises en étau entre des revenus volatils (pétroliers, miniers ou agricoles) et des dépenses massives d’infrastructures, financées notamment par des prêts chinois. Au terme de pénibles négociations de restructuration, un accord a été trouvé en juin 2023. Mais le pays reste convalescent.

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