Sociétaire de la Comédie-Française, Marina Hands, 50 ans, a obtenu, fin avril, le Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre public pour Le Soulier de satin, revisité par Eric Ruf. Cette pièce de Claudel sera reprise du 19 au 25 juillet dans la Cour d’honneur du Palais des papes, lors du Festival d’Avignon. Pour l’heure, celle qui fut récompensée, en 2007, du César de la meilleure actrice pour Lady Chatterley, de Pascale Ferran, incarne avec majesté Arkadina dans Une mouette, d’après Anton Tchekhov, sur la scène du Français.

Je ne serais pas arrivée là si…

… Si je n’avais pas été confrontée, à 30 ans, au deuil brutal de Philippe, mon meilleur ami. On avait le même âge. On s’était connus au Cours Florent puis on était partis ensemble étudier à l’Académie de musique et d’art dramatique de Londres. C’était mon compagnon de route, on formait un binôme. Dans tous les moments de fragilité et de vulnérabilité durant ma jeunesse, il était mon bras armé.

Philippe était un être très lumineux, solaire, il m’encourageait tout le temps. Il est mort du sida après s’être battu contre la maladie pendant plusieurs années. Il m’a laissé, d’une certaine manière, le goût du combat. Les grands chagrins modèlent la réflexion sur soi-même et sur le monde dans lequel on vit. Sa disparition m’a façonnée et a créé pendant très longtemps un certain décalage entre moi et mon entourage.

Un décalage de quel ordre ?

C’était comme une perte d’innocence, je suis devenue très sérieuse. J’avais plus de mal à communiquer avec les gens, j’étais très exigeante sur la profondeur des relations, trop sans doute. J’avais du mal avec une certaine forme d’inconséquence. La disparition de Philippe m’a poussée à me questionner et à me demander si j’étais vraiment contente d’être là où j’étais.

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