La nuit est déjà bien avancée quand un semi-remorque rouge s’engage sur cette aire de repos de l’autoroute G25, à la frontière du Hebei et de la municipalité autonome de Tianjin. Le pinceau des phares laisse apparaître deux vieillards fumant des cigarettes à bout doré. Un coup de klaxon bien senti, et les voici qui agitent leurs bâtons lumineux en direction du meilleur emplacement. « Réservez aussi une place pour nos amis, un camion rouge comme le nôtre. Ils arriveront dans vingt minutes. Merci pour vos efforts, camarades », lance Huo Long.

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Le trentenaire descend de sa cabine, suivi de Yun Fang, son épouse. Ils rejoignent sans hâte la station-service. La boutique propose un choix hétéroclite de boissons énergisantes et de nouilles instantanées. Alignés sur un comptoir chauffant, des canards laqués flattent les narines tout comme des épis de maïs vapeur et des œufs au thé plongés dans une marmite d’acier. Des dinosaures en plastique, des piles AAA et des barres chocolatées complètent le décor. Quatre dames en pyjama se relaient pour assurer la propreté des douches, des W-C et des machines à laver.

Le couple vit et travaille ensemble. En ce moment, leur itinéraire débute à Tongliao, en Mongolie-Intérieure, pour récupérer des grosses bobines d’aluminium, puis direction les usines de sous-traitance automobile de Tangshan, dans le Hebei. Une escale à Tianjin leur permet de décharger une partie de la cargaison dans la zone portuaire, en cas de livraison à l’international. « On roule cinq ou six jours et on rentre à la maison. On gagne entre 30 000 et 50 000 yuans [de 3 584 à 5 970 euros] par mois, mais il faut avancer tous les frais et bien sûr rembourser ce camion qui n’a qu’un an, soit 15 000 yuans tous les mois. »

« Je suis tout le temps avec lui »

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