
La vice-ministre des affaires étrangères israélienne, Sharren Haskel, était en visite mercredi au Soudan du Sud, a annoncé la diplomatie sud-soudanaise, alors que des informations de presse font état d’un projet de déplacement de Gazaouis dans cet Etat africain pauvre et instable.
Mardi 12 août au soir, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a affirmé qu’il « autoriserait » les habitants de la bande de Gaza – dévastée par une guerre meurtrière depuis octobre 2023 entre l’armée israélienne et le groupe islamiste palestinien Hamas – à émigrer à l’étranger, tout en se défendant de « les pousser dehors ». « Nous parlons à plusieurs possibles pays d’accueil », a-t-il ajouté. Le Soudan du Sud, selon des informations de presse, serait l’un de ces pays.
Si « l’évolution des conditions » en Israël a été mentionnée, cette « visite historique » a permis au chef de la diplomatie sud-soudanaise, Semaya Kumba, d’engager un « fructueux dialogue bilatéral » avec Sharren Haskel, d’après ce texte, sans plus de précision.
« Attirer des investissements étrangers »
Un précédent communiqué de la diplomatie sud-soudanaise avait auparavant « fermement réfuté » mercredi « les rapports de médias affirmant que [son] gouvernement est engagé dans des discussions avec Israël sur la relocalisation de ressortissants palestiniens de Gaza » au Soudan du Sud, les qualifiant d’affirmations « sans fondement ».
Juba « attache une grande importance au soutien de longue date d’Israël », a pointé mercredi soir un communiqué de la présidence sud-soudanaise, après que la ministre israélienne a également rencontré le chef de l’Etat du Soudan du Sud, Salva Kiir.
« Dans le but d’attirer des investissements étrangers, le gouvernement a offert à Israël de nouvelles opportunités dans l’industrie pétrolière et gazière, les minéraux, l’agriculture et la gestion des ressources en eau », poursuit ce texte.
Sur ordre du cabinet militaire de Benjamin Nétanyahou, l’armée israélienne se prépare à lancer une nouvelle phase de ses opérations militaires à Gaza pour y libérer tous les otages israéliens et y « vaincre » le Hamas, selon ses objectifs affichés.
Intense polémique
L’armée entend prendre le contrôle de la ville de Gaza et de camps de réfugiés voisins – l’une des zones les plus densément peuplées de l’enclave palestinienne. L’annonce de ce plan a suscité une vaste réprobation internationale, alors que les accusations de « génocide » d’Israël contre les Palestiniens se multiplient.
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Dans la foulée d’une attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1 219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse établi à partir de données officielles, Israël a lancé une vaste offensive militaire à Gaza. Ces représailles ont fait à ce jour 61 722 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
L’éventuelle venue de Gazaouis au Soudan du Sud a généré une intense polémique dans ce pays, tant sur les réseaux sociaux que dans les rues de Juba. « Nous ne l’acceptons pas car ce sont des criminels qu’on nous amène et nous n’avons pas de terre pour eux », a commenté James Lomederi, un habitant de la capitale, quand un autre a affirmé accueillir les Gazaouis « à bras ouverts » afin qu’ils aident à protéger les frontières poreuses du pays.
Crainte d’un retour à la guerre civile
Le Soudan du Sud, pauvre et instable, est en proie à l’insécurité et à l’instabilité depuis son indépendance en 2011. Le plus jeune pays de la planète a cette année connu des mois d’affrontements entre les forces du président Salva Kiir et celles fidèles à l’ancien vice-président Riek Machar.
L’arrestation de ce dernier, en mars, a alimenté les craintes d’un retour à la guerre civile, heureusement non advenu, près de sept ans après la fin d’un conflit sanglant entre les partisans des deux hommes qui avait fait quelque 400 000 morts entre 2013 et 2018.
Début juillet, le Soudan du Sud avait accepté d’accueillir huit migrants expulsés des Etats-Unis – quasi tous originaires d’Asie et d’Amérique latine – sur volonté de l’administration du président américain, Donald Trump, grand allié de Benjamin Nétanyahou.