
La première fois que j’ai compris que nous allions devoir nous séparer de ma maison d’enfance, j’avais 20 ans. Mes parents venaient de nous annoncer qu’ils divorçaient. Comme mon père changeait de ville et que ma mère ne pouvait racheter sa part de la maison, il fallait mettre en vente cet endroit dans lequel j’avais grandi depuis mes 8 ans. Cela a été un bouleversement et une énorme perte d’ancrage. D’abord, parce que je me disais que, avec cette vente, la famille allait mourir une deuxième fois, car il n’existerait plus cet espace pour se souvenir qu’elle avait existé. Mais aussi, parce que j’ai un rapport très fort aux lieux, et avais construit un attachement puissant à cette maison qui était très singulière.
Plantée dans un lotissement tout ce qu’il y a de plus banal de la périphérie de Rennes, elle détonnait par sa grandeur, et par le projet un peu particulier qui avait été celui des propriétaires qui l’avaient fait construire avant nous. Elle était imposante, avec un corps principal et deux avancées sur les côtés, type château. Tout y était très théâtral, avec des fausses moulures partout et de la tapisserie rose saumon qui étaient là à notre emménagement : un look qui copiait de manière assez amusante une ambiance bourgeoise, alors qu’on habitait dans un espace pavillonnaire classique.
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