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Echec et mat pour la tomate. Sur le grand échiquier des traités négociés, un accord de libre-échange vient de tomber. Ou, d’être, en tout cas, fortement fragilisé. Ne pensez pas à celui, près d’aboutir selon ses promoteurs, entre l’Europe et les pays du Mercosur. Même si les agriculteurs français ont fait front commun dans cette lutte, avançant leurs pions syndicaux sous une même bannière, la partie, très médiatisée, est loin d’être gagnée.

Les députés et sénateurs ont bien voté, mardi 26 et mercredi 27 novembre, à une grande majorité pour les uns, à une quasi-unanimité pour les autres, leur soutien au gouvernement dans sa volonté exprimée de s’opposer au traité « en l’état », mais reste à rallier des pièces maîtresses pour l’emporter. En l’occurrence d’autres pays européens, acceptant de ne pas le ratifier.

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Le traité dont il est question, date, lui, de 2011, et a été signé entre l’Union européenne et le Maroc. Et sa portée peut aujourd’hui être quantifiée. Toute l’année, les tomates du royaume chérifien déboulent dans les rayons des supermarchés français. A prix cassés. « En 2023, les importations de tomates du Maroc ont encore augmenté de 7,8 % à 424 690 tonnes », affirme Pierre-Yves Jestin, président de l’Association des producteurs de tomates et de la coopérative bretonne Saveol. Un niveau presque comparable à la production française.

Une concurrence jugée déloyale

En valeur, la progression est encore plus marquée, estimée à + 27 %. Et pour cause. L’allègement des taxes ne porte pas uniquement sur les tomates rondes standard, mais profite au segment plus prisé des tomates cerises vendues 99 centimes la barquette. Et ce toute l’année.

Une concurrence jugée déloyale par les producteurs français, « quand le coût de main-d’œuvre est dans un rapport de 1 à 15 », selon M. Jestin. En mai, alors que le marché français était difficile, des agriculteurs ont manifesté contre ces importations. La tomate, un concentré de colère agricole.

Mais, en octobre, la Cour de justice de l’Union européenne a tranché en faveur de ceux qui ont choisi de se battre contre l’accord de libre-échange, après son extension, en 2019, aux tomates produites dans le Sahara occidental et considérées comme marocaines. Le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par l’Algérie, d’une part, et la Confédération paysanne, d’autre part, ont en effet déposé des recours.

Ils viennent d’avoir gain de cause. D’ici un an, les tomates du Sahara occidental devront être étiquetées avec cette origine et ne bénéficieront plus des conditions douanières favorables accordées au Maroc. Les maraîchers français demandent maintenant à la Commission européenne de rééquilibrer le traité. Les producteurs de tomates veulent se refaire la cerise.

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