Comme des millions de téléspectateurs, j’ai regardé la minisérie Adolescence, de Jack Thorne et Stephen Graham, diffusée sur Netflix depuis le mois de mars. Et comme des millions de téléspectateurs, j’ai été captivée non seulement par l’intensité des épisodes filmés en temps réel, mais aussi par la fragmentation du récit qui, au-delà de l’effet de surprise, demande un véritable effort pour reconstituer les morceaux de cette fiction criminelle extrêmement convaincante… à condition, toutefois, de ne pas chercher à faire du titre la pièce centrale de ce puzzle.

Lire la critique | Article réservé à nos abonnés « Adolescence » sur Netflix, une famille entraînée dans le précipice du crime

Si le substantif « adolescence » employé seul annonce une représentation très générale de cette période de la vie, c’est ici un cas tout à fait exceptionnel qui nous est donné à voir : celui d’un jeune garçon de 13 ans ayant prémédité et commis l’assassinat à l’arme blanche d’une jeune fille du même âge. Et c’est sans doute cela qui nous fascine : la possibilité d’observer au plus près, grâce aux plans rapprochés, un adolescent qui sort de l’ordinaire. Au fil des plans-séquences, nous attendons impatiemment, comme il le dit lui-même à la psychologue du troisième épisode, que se « dévoile un élément crucial » qui pourrait donner sens à l’inouï.

Car, fort heureusement, le parcours du personnage principal ne reflète pas du tout ce qu’est l’adolescence en général. Certes, il se trouve bien à cet âge charnière où la puberté, avec ses préoccupations identitaires et sexuelles, vient bousculer l’enfance des chocolats chauds, du papier peint étoilé et de l’ours en peluche sur le lit. Certes, il dépend encore de sa famille, va à l’école, et passe de plus en plus de temps seul dans sa chambre ou avec des amis de son âge.

Un raccourci

Mais, mis à part ces éléments de décor, intituler Adolescence cette histoire hors du commun est un raccourci qui ne repose sur aucun fait tangible : les mineurs ne représentent que 7 % de l’ensemble des condamnés pour homicide en France et moins de 1 % des homicides sont commis par des adolescents de 13 ans. Ce sont les adultes qui tuent, pas les mineurs de 13 ans.

Il vous reste 60.11% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version