Ce sont des ordinateurs rustiques, aux touches récalcitrantes et aux menus archaïques. Mais il y a quarante ans, dans les hypermarchés, des enfants attendaient leur tour pour accéder aux claviers des Thomson TO7 et MO5, premiers ordinateurs personnels largement distribués en France. Leur espoir : pianoter quelques lignes de code, ne serait-ce que pour dessiner un soleil ou programmer quelques notes de musique. « C’était magique », se souvient Roxane, qui a découvert le MO5 à l’école, un terrain que Thomson fut le premier à investir massivement en France en 1985.
Pourtant, ces deux ordinateurs emblématiques auraient pu ne jamais voir le jour. A la fin des années 1970, le groupe français Thomson, géant industriel des postes radio et des téléviseurs, détecte bien l’émergence des ordinateurs domestiques mais n’a d’autre ambition que d’en distribuer un modèle américain. Charge à Michel Leduc, un jeune ingénieur, de lister les marques dignes d’intérêt. Thomson cible Apple, Atari et VideoBrain, mais les négociations commerciales échouent. La division semi-conducteurs du groupe encourage alors Michel Leduc à concevoir un ordinateur en interne. « Ils me disaient : “On t’aidera” », narre-t-il au Monde de sa voix douce et pondérée. Ainsi naît le projet T7000, l’ancêtre du TO7.
Un prototype qui a failli ne jamais voir le jour
Nous sommes alors en 1979. L’informatique personnelle est balbutiante, les ordinateurs pionniers – Apple II et TRS-80 – soufflent leur deuxième bougie, et Michel Leduc est un peu déboussolé. Dans le cadre de sa mission, il a démonté les machines du marché. Processeur, mémoire morte, mémoire vive… Il devine qu’il ne sera pas excessivement difficile d’assembler les bonnes pièces mais qu’il sera extraordinairement compliqué de les faire dialoguer entre elles. Des compétences logicielles s’imposent. Or, à l’époque, elles ne courent pas les rues.
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