Au mois de mars, la Commission européenne a appelé chaque foyer de l’Union européenne à s’équiper d’un « kit d’urgence ». Parmi les risques envisagés : des cyberattaques massives, le sabotage d’infrastructures majeures, une offensive militaire sur le sol national, sans compter des événements climatiques extrêmes ainsi qu’une potentielle nouvelle pandémie… Le message est clair : il s’agit de favoriser la résilience civile.
Ces campagnes d’information peuvent pourtant être source d’anxiété et de résistances, et nombre de citoyens européens préfèrent ignorer ces recommandations plutôt que de faire entrer la peur dans leur quotidien.
En réalité, face aux dangers, s’adresser aux seuls individus n’est pas suffisant. La vitalité des liens sociaux de proximité s’avère cruciale, et travailler à leur renforcement devrait devenir une tâche prioritaire.
Ce réflexe n’a pourtant rien d’évident. Aux Etats-Unis, on estime à plus de 20 millions les « survivalistes » qui croient en l’imminence d’événements extrêmes et s’y préparent à grand renfort d’abris isolés, de boîtes de conserve, d’armes ou de métaux précieux accumulés pour mieux subsister dans un monde sans monnaie.
Abris souterrains et bunkers
Les plus riches sont en première ligne de ce grand repli, à l’image de l’abri souterrain de la propriété hawaïenne de Mark Zuckerberg [le patron de Meta], mentionné par le mensuel américain Wired, ou des bunkers qu’aurait fait installer Bill Gates [cofondateur de Microsoft] dans plusieurs de ses propriétés. Dans cet imaginaire, la survie est rare, souvent solitaire et individualiste.
Pourtant, de nombreuses recherches, notamment celle qui a été menée par Daniel Aldrich et Michelle Meyer, montrent que la survie des victimes d’événements extrêmes est d’abord liée à l’existence de formes d’entraide et à la richesse du tissu relationnel local. L’idée d’un salut purement individuel, si elle paraît séduisante, est aussi illusoire que la croyance en la toute-puissance d’un Etat protecteur.
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