Histoires Web mardi, décembre 23
la réponse d’un collectif de personnalités juives à Eva Illouz

Dans une tribune au Monde publiée le 18 décembre, la sociologue Eva Illouz s’emploie à décortiquer les ressorts de l’antisémitisme, analyse d’autant plus nécessaire après l’horrible tuerie de Bondi Beach. Son analyse reprend la distinction classique entre la judéophobie, qui renvoie à la haine chrétienne des juifs, et l’antisémitisme, qui se réfère à « une théorie quasi sociologique traitant de l’influence juive sur la société ». Elle aurait pu, d’ailleurs, aller encore plus loin dans l’analyse de l’antisémitisme moderne en citant celui, « ontologique », incarné notamment par le philosophe et membre du parti nazi Martin Heidegger qui identifiait le juif à un ennemi métaphysique, irréductiblement étranger à l’enracinement et à l’authenticité du peuple.

Eva Illouz pose le postulat suivant : l’antisionisme relève de l’antisémitisme. Que l’antisionisme serve dans certains cas de paravent à une haine des juifs, cela n’est pas contestable. Cependant, cela ne justifie pas que l’on doive adhérer, sous peine d’être traité d’antisémite, à la doxa du sionisme, mouvement politique nationaliste visant à regrouper tous les juifs dans un même Etat.

Ainsi, écrit-elle, « l’antisionisme remet en question la légitimité même du nationalisme et du foyer national juif ». Or, accepter cette légitimité revient précisément à considérer que les juifs sont un corps étranger aux nations dans lesquelles ils naissent et vivent. Le nationalisme juif vise à regrouper dans un Etat tous les juifs du monde, considérant comme les antisémites qu’ils n’ont pas de place dans les pays où ils vivent. Eva Illouz dénonce à juste titre le fait que « l’effet de l’antisémitisme est de priver les juifs de foyer, en leur déniant leur citoyenneté ou en les expulsant », mais en reprend, de fait, le fondement en défendant un nationalisme juif qui suppose que les juifs appartiennent à un peuple distinct de celui des pays dans lequel ils vivent.

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