La rencontre entre le président des Etats-Unis, Donald Trump, et celui de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, mercredi 21 mai, n’était pas un simple échange diplomatique. C’était un spectacle, une reconstitution des logiques coloniales, dissimulée sous des costumes modernes et les emblèmes de l’Etat. Trump, fidèle à son rôle de provocateur, a livré, sous le mince vernis de la diplomatie, un numéro bien connu mêlant chauvinisme, condescendance et intimidation – cette fois-ci en exhibant les preuves supposées d’exactions anti-Blancs dans les campagnes sud-africaines. A ses côtés, Ramaphosa est resté posé, poli, mais visiblement contraint.

Lire aussi le récit | Article réservé à nos abonnés Donald Trump piège le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, avec des accusations sans fondement sur des persécutions de fermiers blancs

Pour beaucoup d’entre nous, la scène était tristement familière : un président africain obligé de simuler la gratitude et la soumission, tandis qu’un leader occidental brandit des stéréotypes et réduit la complexité africaine à quelques formules à l’emporte-pièce. Trump a mobilisé les caricatures coloniales classiques de l’Afrique : chaos, violence, décapitations – ces images grotesques qui ont longtemps servi à justifier l’intervention impériale.

Pendant un court instant, Ramaphosa a semblé inverser le scénario. Par son calme remarquable, il incarnait la dignité, la discipline et la finesse. Il a offert une véritable leçon de diplomatie en enseignant subtilement à Trump les vertus de la retenue, du respect protocolaire et de la gouvernance réfléchie. C’était un moment rare dans la diplomatie mondiale : le dirigeant d’un pays dit « en développement » tenant une position de sagesse et de maturité face à la figure de proue de la puissance mondiale.

Vieux clichés de la suprématie blanche

Nous avons presque eu droit à un coup de théâtre. Ramaphosa réussit momentanément à réorienter la conversation – vers le commerce, la coopération et les intérêts communs. L’espace d’un instant, cela ressemblait à une victoire pour le continent. Il rappelait au monde que l’Afrique peut conduire son destin avec clarté, diplomatie et vision – sans céder aux vulgarités émotionnelles. Mais ce moment s’assombrit rapidement et le triomphe symbolique fut de courte durée.

Il vous reste 65.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
Exit mobile version