Le 28 juillet 2010, la reconnaissance par les Nations unies d’un « droit à l’eau » a constitué une avancée majeure sur le plan symbolique et politique. Elle a permis de poser un principe : l’accès à une eau potable, propre et de qualité, et à des installations sanitaires constitue un droit humain fondamental. Paroles, paroles ? Ou levier juridique permettant de faire la différence ? Quinze ans plus tard, le bilan ne laisse pas d’interroger.

Certes, des progrès ont eu lieu depuis. Des objectifs ont été définis avec des financements ciblés de la part des grands organismes d’aide internationale. Les Etats sont aussi considérés désormais comme responsables de l’accès à l’eau de leurs populations, ce qui les incite à agir et à mesurer leurs avancées.

L’amélioration rapide de l’accès à l’eau de centaines de millions d’habitants des pays émergents sortis de la pauvreté doit enfin être mentionnée, même si elle n’a aucun lien avec la reconnaissance internationale de ce droit à l’eau. Cependant, selon l’Organisation mondiale de la santé et le Fonds des Nations unies pour l’enfance, plus de deux milliards de personnes, soit plus du quart de la population mondiale, ne bénéficient toujours pas d’un accès à une eau de qualité.

La question de l’assainissement reste tout particulièrement problématique. La moitié de la population mondiale continue à rejeter ses eaux usées domestiques dans la nature sans traitements adaptés, avec des conséquences désastreuses sur la qualité des eaux. Plus d’un million de décès par an en résultent directement. Un enfant de moins de 5 ans meurt toutes les 80 secondes à cause d’une eau contaminée.

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L’absence d’eau courante a, pour sa part, de nombreuses conséquences. Des millions de femmes et de petites filles passent de longues heures chaque jour à aller chercher l’eau pour leur famille. Temps perdu. Argent perdu. Selon l’organisation non gouvernementale WaterAid, l’eau vendue aux plus pauvres par des revendeurs informels coûte parfois dix à vingt fois plus cher que l’eau du robinet. Les habitants des bidonvilles de Nairobi dépensent un tiers de leur revenu en achat d’eau. Le rythme du progrès sur ces questions apparaît particulièrement lent lorsqu’on le compare avec l’explosion de l’accès à Internet depuis une trentaine d’années.

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