La science subit aujourd’hui un nombre impressionnant d’attaques. Celles-ci ne sont pas limitées aux Etats-Unis, mais concernent aussi d’autres pays, dont la France. Les connaissances scientifiques nous renseignent sur les mécanismes de la matière et du vivant, notre histoire, le fonctionnement de nos sociétés, l’ampleur des inégalités sociales, l’état de notre environnement, le changement climatique, la chute de la biodiversité, etc. Au-delà de leur valeur propre, ces connaissances contribuent à l’élaboration des politiques publiques, par exemple pour réduire les inégalités ou définir les trajectoires de décarbonation de la société.

Tout le monde a en tête les mesures récentes contre le système de recherche états-unien. La France semble pour l’instant à l’abri d’attaques aussi directes. Pourtant, de manière plus insidieuse, la situation du système français de recherche et d’enseignement supérieur n’est guère meilleure : il a subi des coupes budgétaires de 387 millions d’euros en 2025, après une amputation de 900 millions en 2024. Ce financement, en incluant l’effort privé, ne représentait, en 2022, que 2,2 % du produit intérieur brut en France, contre 3,1 % en Allemagne. Rapporté au nombre d’étudiants, le budget a chuté d’environ 25 % en quinze ans.

De nombreux postes ouverts au concours pour les fonctions support ne sont pas pourvus, tant les statuts et le niveau de rémunération sont dissuasifs. Les enseignants-chercheurs doivent se muer en supergestionnaires, au détriment de leurs missions, pour pouvoir dépenser les faibles moyens qu’ils réussissent à obtenir.

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La diffusion des connaissances est également fragilisée. L’édition scientifique est, pour l’essentiel, laissée au secteur privé, qui réussit à en tirer des marges proches de 30 % en s’appuyant sur le travail des enseignants-chercheurs du secteur public pour évaluer les manuscrits, dont la publication est souvent facturée autour de 5 000 euros par article dans les revues biomédicales. Cette privatisation pousse à un accroissement du nombre d’articles et à un raccourcissement des délais d’évaluation qui nuisent à la qualité de la relecture par les pairs, et donc de la production scientifique.

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