Le dictionnaire de l’Académie française indique que l’adjectif « baroque », au sens péjoratif, se rapporte à une situation ou un objet « qui présente un aspect bizarre, étrange, inattendu ». Cela décrit fort bien la situation politique française. De quelle façon sommes-nous entrés dans la « politique baroque » qui se déroule sous nos yeux chaque jour ?

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Un ensemble de contraintes inextricables s’est imposé aux principaux acteurs politiques, notamment ceux directement impliqués dans la recherche d’un compromis, les macronistes et les socialistes. Premier élément : tout s’est passé comme si chacun posait comme condition que la négociation se tienne à l’intérieur du périmètre de son programme, une posture totalement antinomique à la recherche d’un compromis.

Si chacun semblait disposé à inviter l’autre dans sa maison pour se mettre à la table des négociations, aucun ne semblait vraiment disposé à construire ensemble une nouvelle maison. Plutôt qu’être ensemble les bâtisseurs d’un nouveau paradigme politique, chacun a voulu que l’autre mette genou à terre et aille à Canossa. Du côté des socialistes, on était prêt à négocier, mais sur les modalités de mise en œuvre de mesures issues de leur programme, elles-mêmes inspirées de celui du Nouveau Front populaire (NFP).

S’ils proposaient une « suspension » de la réforme des retraites plutôt qu’un retrait, l’objectif était bien celui d’un retrait basé sur une hypothétique victoire de la gauche en 2027. Personne ne s’est posé la question de savoir si l’on pouvait maintenir le pays en suspension du point de vue d’une question essentielle comme la date du départ en retraite. Personne non plus ne s’est demandé quel sens cela avait de solliciter un gouvernement du centre et de droite pour mettre en œuvre des mesures de gauche, puisque le Parti socialiste (PS) avait rapidement indiqué qu’il ne siégerait pas au gouvernement !

Le choc des contradictions

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