Décidément, l’institution Eglise a sa temporalité propre. Si inégalitaires que soient encore nos sociétés, il va de soi aujourd’hui que des femmes puissent briguer des mandats électifs, qu’elles occupent des fonctions présidentielles ou ministérielles.

Pourtant, c’est un véritable événement que la nomination à Rome, en ce mois de janvier, d’une femme, une religieuse italienne, à la tête du dicastère pour la vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Entendons l’un des seize ministères de la curie, le gouvernement de l’Eglise catholique, dont la direction revenait, jusqu’à maintenant, à des hommes, de préférence des cardinaux.

Incontestablement, cette nomination constitue une très heureuse nouveauté, à laquelle on finissait par ne plus croire, alors même que le pape François proclame depuis son élection, en 2013, son souci d’associer les femmes à la gouvernance de l’Eglise, au plus haut niveau. Simona Brambilla, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, avait déjà, depuis 2023, un pied dans cet organisme, mais en second, en qualité de secrétaire.

Une longue histoire de tutelle

Or le pas a été franchi, elle sera désormais préfète, dépositaire de l’autorité en cheffe. Une charge qui n’est pas du tout anecdotique, puisqu’elle concerne près de 800 000 personnes, hommes et femmes, religieux et religieuses, moines et moniales et tous ceux et celles appartenant à des sociétés de vie apostolique, chargées des services d’enseignement ou d’action sociale. Autrement dit, elle est désormais en responsabilité d’une part névralgique de la vie de l’Eglise.

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Certes, la réforme de la curie romaine de 2022 envisageait que, désormais, des hommes ou des femmes, y compris des laïcs, puissent être nommés à la tête de dicastères. Certes, une série de nominations de femmes à de hautes fonctions, au Vatican, a commencé à habituer l’institution à ne plus faire dépendre exclusivement l’exercice du pouvoir de celui du sacerdoce. Certes, une telle nomination fait enfin droit à la réalité d’une vie religieuse, qui est féminine aux trois quarts, légitimant les femmes à avoir la main sur la gestion de leurs problèmes.

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