La musique générée par IA déferle sur Deezer, et devient très difficile à distinguer à l’écoute

Différencier un morceau de musique totalement générée par l’intelligence artificielle (IA) d’un morceau composé et enregistré par des humains devient de plus en plus difficile. C’est ce qu’indique un sondage Ipsos pour la plateforme de streaming Deezer, publié mercredi 12 novembre. Une étude réalisée en ligne du 6 au 10 octobre sur 9 000 personnes dans huit pays (Etats-Unis, Canada, Brésil, Royaume-Uni, France, Pays-Bas, Allemagne et Japon), sélectionnées selon la méthode des quotas.

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Une partie de cette enquête a consisté à faire écouter trois morceaux aux tonalités rock aux participants, sans préciser l’origine des compositions. Deux morceaux provenaient de logiciels d’IA générative : l’un était issu du groupe artificiel The Velvet Sundown, un autre était une création du logiciel Suno, un logiciels de génération automatique de chansons parmi les plus performants en la matière. Le dernier titre diffusé était un extrait d’un album du groupe britannique Juicy Lucy, sorti en 1970.

Résultat : après écoute, 97 % des participants « n’ont pas su faire la différence entre une musique entièrement générée par IA et une musique humaine », selon les chiffres publiés par Deezer. Confrontés à cette erreur d’appréciation, plus de la moitié des participants (52 %) se sont dits « mal à l’aise à l’idée de ne pas pouvoir distinguer » la musique humaine d’une musique artificielle.

Plus généralement, 51 % des sondés estiment que l’IA va conduire à la présence de chansons « de moindre qualité, plus génériques sur les plateformes de streaming ». Et près de deux tiers d’entre eux (64 %) pensent que l’intelligence artificielle risque d’entraîner « une perte de créativité dans la production musicale », souligne l’étude. En revanche, 46 % des personnes interrogées ont aussi déclaré que des solutions à base d’IA – par exemple, les algorithmes de recommandation – peuvent les aider « à découvrir plus de musique qu’ils aiment ».

40 000 morceaux IA publiés chaque jour

Ce sondage sert la stratégie actuelle de Deezer face à ses concurrents : le service est à ce jour le seul service de streaming audio à tenter de détecter et signaler systématiquement les titres générés par l’IA à ses utilisateurs. Ces chiffres « montrent clairement que les gens se soucient de la musique et qu’ils veulent savoir s’ils écoutent un morceau créé par un humain ou par une IA », a réagi Alexis Lanternier, le directeur général de la plateforme de streaming française, cité dans la publication.

En janvier 2025, Deezer avait annoncé qu’un titre sur dix livrés sur son site sur une journée était une piste totalement générée par IA. Dix mois plus tard, la situation s’est amplifiée : 40 000 morceaux générés par IA seraient désormais publiés chaque jour sur Deezer, soit « 34 % de l’ensemble des titres », note l’entreprise. Elle précise cependant que ces titres représentent toujours une très faible part des écoutes.

En juin, la popularité soudaine du groupe IA The Velvet Sundown avait suscité de nombreuses réactions, leur chanson la plus populaire cumulant plusieurs millions d’écoutes sur la plateforme Spotify. Accusé lui-même à plusieurs reprises d’opacité sur l’IA, le suédois a annoncé en septembre plusieurs mesures pour encourager artistes et éditeurs à se montrer plus transparents quant à l’utilisation de l’IA.

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Le Monde avec AFP

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