Eldar Chenguelaïa, à Tokyo, le 29 novembre 2018.

Avec la mort d’Eldar Chenguelaïa, le 4 août à Tbilissi, un des derniers représentants de la troisième génération de cinéastes géorgiens vient de s’éteindre. Fils du poète et réalisateur Nikolaï Chenguelaïa (auteur en 1928 d’Elisso, un des premiers films muets géorgiens) et de l’actrice Nato Vatchnadze, Eldar Chenguelaïa relevait d’une lignée d’artistes reconnus à Tbilissi.

Après son frère cadet Gueorgui Chenguelaïa (1937-2020), mais aussi Mikhail Kobakhidze (1939-2019) puis Otar Iosseliani (1934-2023) qui tous deux vécurent à Paris, disparaît aujourd’hui tout un pan de cette histoire filmique géorgienne dans ses relations compliquées avec Moscou. Tous furent formés à la fin des années 1950 au moment du dégel à l’Ecole Vgik de Moscou.

En 1958, Eldar Chenguelaïa, né le 26 janvier 1933, suivit dans l’atelier-studio les cours du cinéaste Sergueï Youtkevitch (1904-1985), où il termina différents courts métrages dont Conte enneigé (1959) autour de compositions folkloriques du Caucase. Revenu en Géorgie, il réalise L’Exposition extraordinaire (1969), pastiche de la vie provinciale, suivi des Huluberlus (1974) puis des Montagnes bleues (1983), métaphore satyrique de la chute de l’URSS où un écrivain soucieux de venir déposer son manuscrit à l’Union des écrivains se trouve confronter à des impossibilités dans une maison en totale décomposition.

Caustique, ironique

Son regard acéré sur le système soviétique dans une histoire qu’il avait qualifié d’invraisemblable, finit par la rendre aussi humaine. Mais son style personnel a sans aucun doute participé sur un mode caustique et ironique à un renouveau du cinéma géorgien.

Après 1989, il reviendra au documentaire pour témoigner des soubresauts de la société géorgienne. A l’indépendance de la Géorgie dans un contexte politique et économique très difficile après 1991, le cinéma géorgien connut une longue période d’asphyxie. Devenu secrétaire de l’Union des cinéastes et face à toutes sortes de contraintes, Eldar Chenguelaïa s’efforce de préserver l’autonomie du cinéma.

Lire aussi le reportage : Article réservé à nos abonnés En Géorgie, l’esprit d’indépendance du 7ᵉ art

Puis il se lance dans la politique et devient en 1995 député, soucieux avant tout de rapatrier à Tbilissi toutes les copies des films géorgiens fabriqués et conservés à Moscou. Invité dans de nombreux festivals en Europe pour présenter ses films, une de ses dernières venues en France fut lors du Festival de Cannes en 2019, où il présenta La Caravane blanche (1964) coproduit avec Tamaz Meliava (1929-1972). Eldar Chenguelaïa n’était pas uniquement un conteur d’histoires mais fut aussi un cinéaste en rébellion.

Eldar Chenguelaïa en quelques dates

26 janvier 1933 Naissance à Tbilissi

1969 « L’Exposition extraordinaire »

1974 « Les Huluberlus »

1983 « Les Montagnes bleues »

2019 Présente au Festival de Cannes « La Caravane blanche », réalisé en 1964

4 août 2025 Mort à Tbilissi

Réutiliser ce contenu
Share.
Exit mobile version