Assis à une des tables pistache de L’Eden, seul bar de Plussulien (Côtes-d’Armor), Gilles Thomas se retourne à chaque fois que la porte de l’estaminet couine. Question d’habitude. Maire pendant près de dix-sept ans (2008-2024) de ce village de 500 habitants, le sexagénaire connaît tout le monde ici. Alors il se lève pour saluer les nouveaux venus. Poignées de mains vigoureuses aux hommes, bises délicates aux femmes. En se rasseyant, cet ancien adhérent du Parti communiste français doute : « Désormais, je croise tous les jours des gens qui votent Rassemblement national [RN]. Ça me rend malade. Avant, on n’en connaissait pas… »

Gilles Thomas raconte le « choc » du dépouillement du scrutin européen du 9 juin 2024. A Plussulien comme dans le reste de la Bretagne, la liste de Jordan Bardella est sortie largement en tête. Du jamais vu dans la région natale de Jean-Marie Le Pen, qui s’était toujours affirmée comme la plus hermétique à ses idées.

Les élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet 2024 ont confirmé la dynamique. Souvent inconnus, parfois sulfureux, les candidats du RN se sont qualifiés au second tour dans vingt-six des vingt-sept circonscriptions de la péninsule. En 2022, aucun n’avait franchi le premier tour. Bien que le RN ait échoué à envoyer un Breton à l’Assemblée nationale, le parti a démontré que l’Armorique n’était plus une terre de mission.






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